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                             LES ATLANTES                              49
 visitée avant le temps d'Hésiode ; d'expliquer pourquoi les voyageurs
 partis de la Méditerranée centrale entreprirent cette lointaine ex-
 ploration, de trouver l'emplacement de l'Atlantis, qui n'a pas sombré
 dans l'Océan; de raconter l'histoire des Atlantes, qui n'ont pas
 vécu neuf mille ans avant notre ère, puisqu'ils existaient encore à
l'époque d'Hérodote; en d'autres termes, il s'agit seulement de faire
le premier chapitre de l'histoire de l'Atlas. » La réponse à toutes
ces questions demanderait beaucoup de temps. Indiquons seulement
les conclusions les plus intéressantes du savant professeur de la
 Faculté des Lettres de Lyon.
    Tout d'abord, l'Atlantide n'est pas une île. Elle a pu être ainsi
appelée parce qu'elle était entourée d'eau de divers côtés ; mais elle
ne l'était pas de manière à répondre à la définition moderne. On sait
que les anciens n'étaient pas bien scrupuleux sur ce point. Ainsi
ils appelaient « île » la terre de Méroé, parce qu'elle était située entre
les deux Nils; et c'est par une semblable figure de mots que nous
avons appelé une de de nos provinces l'Ile de France, bien qu'elle
ne fût pas entourée d'eau de tous côtés. L'Atlantide n'était autre
que la terre de l'Atlas, c'est-à dire la partie septentrionale de
l'Afrique qui est située entre cette montagne, l'Océan Atlantique et
la mer Méditerranée. Les Atlantes n'étaient eux-mêmes qu'une frac-
tion de la grande nation lybienne, qui^a dominé dans le nord de
l'Afrique depuis les colonnes d'Hercule jusqu'à l'Egypte, mais qui
a vainement tenté de s'emparer de ce dernier pays. En rapprochant
les textes des auteurs anciens, M, Berlioux parvient à reconstituer
l'histoire desLybiens, de leur prospérité, de leurs conquêtes et de
leur décadence. Ils possédaient une civilisation très avancée, eu
égard à l'époque où ils vivaient : outre l'art de travailler les mé -
taux, et particulièrement le bronze, outre une connaissance appro-
fondie de la navigation, ils avaient, étudié avec ardeur certaines
sciences : un Libyen aurait fondé à Cerné une grande école géo-
graphique, et ainsi aurait été «le premier des professeurs de géo-
graphie ». Mais si l'Atlantide n'est autre que le pays de l'Atlas,
comment se fait-il qu'on la représente comme ayant sombré dans
l'Océan? Car le prêtre de Sais, dont Platon a reproduit le témoi-
gnage, s'exprime en ces termes : « Ala fin, il y eut de grands trem-
blements de terre et des inondations ; en un jour et une nuit ter -
     JANVIER 1884.   — T. VIT.                                   4