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SOUVENIRS DU COMTE ARMAND DE S A I N T - P R I E S T 7 alors un ambassadeur. Ceci se passait en l'année 1783; diverses circonstances, qui tenaient aux affaires de la diplomatie, firent que mon père ne quitta, en réalité, son poste qu'en 1785, emmenant avec lui ma mère et son fils Emmanuel, l'aîné de nous tous, alors âgé de neuf ans. Arrivé à Paris il nous mit, cet aîné et moi, dans une pension de la rue de Vaugirard, qui avait alors quelque célé- brité. Le chef se nommait M. Rollin, nom de bon augure pour la science; la mienne s'en ressentit peu; car à l'âge de trois ans que j'avais à peine alors, c'était, il faut l'avouer, une éducation un peu précoce ; aussi pendant les premières années se borna-t-elle aux soins physiques. Nous y restâmes jusqu'à l'année 1787 que mon père fut nommé à l'ambassade de Hollande. Nous le précé- dâmes à la Haye, avec un précepteur. Mon père et ma mère devaient nous suivre au bout de quelques jours qui, par suite d'événements imprévus, s'allongèrent jusqu'à trois semaines et un mois. Tout le monde connaît l'histoire de la révolution de Hollande en 1788, et qui préluda à la nôtre. Le pouvoir du stathouder, prince d'Orange, s'y affermit, bien que pour peu de temps, à l'aide des bayonnettes du roi de Prusse, son beau-frère. Le gouvernement français, qui avait eu le tort de s'engager à soutenir le parti bour- geois opposé au prince, eut celui, plus grand encore, de l'aban- donner dans la crise; se bornant à la stérile démonstration d'un camp d'où les troupes ne bougèrent pas ; de sorte que la France s'attira ainsi l'animadversion des deux partis, et que mon père» arrivant sur ces entrefaites, se trouva dans la position la plus fausse à laquelle l'ambassadeur d'une grande puissance pût se trouver exposé. Aussi son apparition fut-elle le signal d'une émeute où le palais de France fut investi et insulté, à coups de pierres, par la canaille; le chasseur de mon père fut jeté à l'eau et sur le point d'être noyé dans le canal, et, enfin, assez grièvement blessé. Il n'en fut pas, à la vérité, davantage. Le gouvernement hollandais et le prince d'Orange vinrent, en cérémonie, faire des excuses de cette algarade qui avait pourtant été poussée assez loin ; puisque quelques insolents bourgeois pénétrèrent jusque dans l'intérieur, même dans l'appartement de ma mère, qui était encore au lit, mais qui sut leur en imposer par son sang -froid et l'air de dignité avec lequel elle