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 642                     LA RKVUE LYONNAISE


               III
Lou comte torno au castèu :             Le comte s'en retourne au château.
                                      — Mon fournier, lève-toi vite, mets
— Mou» fournie lèvo-te leù,
                                      au four grandes ramées, tu feras
Bouto au foui' forço rarnado,         grosse fournée. — Maître, a dit le
Que faras grosso fournado.            serviteur, que faut-il cuire dans le
— Mèstre, fai lou servitour,          four? — Tu cuiras dans la braise la
                                      personne la première qui viendra te
Que fau couire dins lou four ?        demander si tu as du pain frais tiré.
— Gouisiras, dins la brasièro         Si non, au plus haut des chênes, ce
La persouno la premièro               soir je te fais pendre!
Que yuèi te demandara
S'as de pan ben fres tira.
0 se noun, au plus aut roule,
A quest vèspre te pendoule !

              VI                                         IV

                                         Puis le comte aifolé s'en va réveil-
Lors lou comte desvaria,              ler sa fille. Tant le désir de Jacou-
Vai sa fïho reviha.                   mine le trouble et le dévore! — Ma
Tant l'afam de Jacoumitio             fille, lève-toi vite, vois, il va faire
Lou bouroulo e lou carcino :          soleil ; sur les monts le jour se lève;
                                      Pour la chasse xo'vSï l'heure...
— Ma fiho, lèvo-te lèu.
Vès, que vai faire soulèu ;
Suslimount lou jour s'aubouro ;
Pèr la casso es déjà Fouro

                                                         V
               V
                                        Quand ils sont dans le bois avec
Quand n'en soun dinsjla fourèst,      lévriers et chiens d'an et : — Oïîfait
Mé lebrié, mé chin d'arrêst :         le comte à sa tille, j'ai oublié la
                                      mangeaille ! Retourne, mon enfant,
— Oï ! fai lou comte à sa fiho,
                                      va au four chercher du pain!...
Ai oublida la mangiho !
Entorno-te moun enfant,
Vai au four querre de pan....

               VI

La chatouno oubeïssènto                  La fillette obéissante, et doucette,
                                      et complaisante, s'amène vite, sur
E douceto e coumplasènto              son destrier, devant la maison du
S'adus lèu sus soun destrié           fournier Mais comme elle en ouvre
Davans l'oustau dôu fournie.          la porte, elle devient pâle comme
                                      une morte I Elle se retourne aussitôt
Mais coume n'en duerb la porto
                                      et galope à travers champs; car ses
Devèn blavo coume morlo.              yeux viennent de voir ce qu'elle ne
Se reviro catequant,
E galopo à travès champ.
Car sis iue vènon de vèire
Causo qu'elo noun pou crèire :