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U N M A N U S C R I T D E LA L É G E N D E D O R É E 599 V I E DE S A I N T Y V E S Gy commence la vie de monsieur S. Yve. — Saint Yue m ne en Brotaingne la petite ou dyocese de Triguier, engendre de nobles parens et catholiques. Et fu à sa mère reuele, en sou dormant, qu"il seroit sainte fie. Lequel saint Yue fu en son premier eage de très bonne enfance et fréquentait humblement et deuo- tement les églises en escoutant et oyant eutentiuement les messes et sermons. Il employoit fort son temps a estudier les'saintes escriptures et en lisant curieusement les vies des sains et sefforcoit de tout son pouvoir de les ensieuer. Lequel par suc- cession de temps fu aorne et renomme de graut science en droit ciuil et en droit canon et en théologie très bien lettre, comme il apparut depuis tant en juge- ment contencieux comme en conseillant les âmes, ou fait de conscience, car depuis qui! eut exerce moult saintement le fait de aduocacie en la court de leuesque de Triguier en plaidoyant tous jours, sans rien prendre et sans salaire, les causes des poures et des misérables personnes en luy exposant, de son bon gre, non pas requis pour les deffendre. Et en la parfin il fu esleu pour estre officiai en la court de harcediacre premièrement et après en la court dudit euesque de Triguier lequel accomplissoit Iraumeut et diligameut toutes choses qui appartenoient à cedit office en nettoiant le pays de mauuaises gens, en secourant aux opprimes, en rendant à chascun son droit sans nulle accepeion de personne, en abregant les plaidories et mettant paix et concorde entre les parties aduerses. Lequel appelle au gouuernement des âmes portait tous jours auec luy sa bible et son breuiaire. Et depuis quil fut piastre il celebroit messe comm;s tous les jours et oroit moult humblement et diligament les confessions de ses parrqissiens. Il visitoit les malades sans différence. Il les confortait sagement enseignant et en les adrecant au salut de leurs âmes, leur admenistroit deuotement le corps nostre Seigneur, et pour certain en toutes choses appartenais à la cure du poeuple nostro Sei- gneur a lui comise il acomplissoit tout partout deuement et dignement son mis- tereet office. Il prouffitoit tous jours demieulx en mieulx en alant assidueement de vertu en vertu et plaisoit tant a dieu comme aux hommes et tant que apaine se pouuoient les gens départir de son parler et de sa compaingnie et si sesbahis- soient ceulx qui le veoient pour sa manière amiable et admirable sainteté. Il estoit de merueilleuse humilité laquelle il demonstroit partout en habit, en fait, en paroles, en alez, en manière de viure et eu compaingnie car il parloit tous jours a chascun doulcameat et humblement et aloit les yeulx baissies, le chief enclin, le chaperon douant le visage en eschieuant la loenge et lonneur du monde. 11 auoit pour toute vesturc cotte, chapperon et houce de drap gris ou blanc bien gros, duquel les laboureurs se vestent en celuy pays. Il donnoit de leaue a lauer les mains aux poures auant mengier et en mengant leur administroit de ses pro- pres mains les viandes que ils mangoient et luy meismes séant a terre auec eulx mengoit de celles meismes viandes cest assauoir de gros pain et aulcme fois du potage et entre eulx qui auec luy mengoient navoit nulle prerogatiue aineois (avant?) les plus defformez et misérables asseoit au plus près de lui.