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                    UN LYONNAIS : FRÉMONT                           571
pagnies qui font le commerce des fourrures accomplissent leurs dif-
ficiles opérations. Ce sont les trappeurs, descendant, pour la plu-
 part, de familles françaises qui ont éclairé et protégé les premières
expéditions des Américains vers Santa-Fé et vers la Sierra Nevada
de la Californie. Un grand nombre d'entreprises, dont s'enor-
gueillit la république des Etats-Unis, ont été conçues et achevées
par des Français, et l'un des hommes les plus illustres de l'Amérique
actuelle, M. le général Frémont, dont nous voudrions essayer de
relater les audacieux voyages, est d'origine française.
    Son père était d'une famille distinguée de Lyon. Tout jeune,
quand la Révolution éclala, il partit pour chercher un refuge dans
les Antilles. Le navire sur lequel il était embarqué fut pris par une
croisière anglaise et conduit à la Jamaïque. Après quelques années
de captivité, M. Frémont parvint à s'échapper et gagna le continent
américain. Son intention était de retourner en France où les fureurs
du jacobinisme étaient enfin comprimées ; mais il ne pouvait rentrer
rapidement dans son pays comme il l'aurait voulu. Ainsi qu'un
grand nombre de nobles émigrés, il n'avait d'autre ressource que
les talents d'agréments acquis en de meilleurs jours, et souvent il
était obligé de s'arrêter pour gagner, par son travail, le moyen de
continuer sa route. Dans une de ces haltes obligées, il devint amou-
reux d'une jeune fille de la Virginie. La jeune fille aussi l'aima, et,
après de longues instances, finit par obtenir de ses parents la per-
mission de l'épouser. M. Frémont se fit alors une nouvelle patrie
de cette contrée où son cœur avait trouvé un cœur si vrai et si
dévoué, et renonça à retourner en France, où sa famille avait péri
dans le cataclysme de la Révolution. A un esprit romanesqu?, il
joignait un vif désir de connaître des choses nouvelles, et il entreprit
de visiter avec sa jeune femme les districts où les Européens n'avaient
pas encore bâti leurs demeures, où il ne devait rencontrer que des
 Indiens. Ce fut dans un de ces voyages que naquit, en 1813, son fils
 Charles Frémont, destiné à faire tant d'étonnants voyages.
    Quelques années après il mourut. Sa veuve recueillant les débris
 d'une petite fortune, se retira avec ses enfants à Charlestown, dans
 la Caroline du Sud.
    Ce fut là que Charles fut élevé, et dès son enfance, il étonna ses
 maîtres par son aptitude au travail, par la vivacité de son intelli-