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                               BIBLIOGRAPHIE                                      519

témoignages irrécusables, il est désormais établi que l'évêque de Clermont a été
jusqu'au dernier soupir le modèle des pasteurs, et que cet éminent prélat, ce
membre de l'Académie française, cet éloquent auteur du Petit Carême, prêché
devant un roi, épuisait ses jours à visiter les plus humbles écoles de son diocèse
et ses nuits à composer un catéchisme pour de pauvres petits auvergnats. Moins
d'un mois avant sa mort, à soixante-dix-neuf ans, il réunissait autour de lui son
clergé en synode et lui adressait ses conseils suprêmes : « Souffrez, lui disait-il,
 que je finisse ce discours, le dernier peut-être que j'aurai la consolation de vous
adresser ici, souffrez que je le finisse par les avis si tendres et si touchants que
le premier et le plus ancien des pasteurs donnait aux plus anciens de son pres-
bytère. Seniores ergo qui in vobis surit obsecro consenior ego               Paissez
mon troupeau, nourrissez-le du suc de l'Evangile, donnez-lui l'exemple delapicté,
de la douceur, de la sobriété, de la charité... Que rien de bas et de sordide ne
souille jamais le mérite et la sublimité de vos fonctions ; que vos intérêts n'y
soient jamais que les intérêts de Jésus-Christ ! » Ce n'était pas dans sa bouche une
exhortation banale : à l'heure actuelle, les paysans de Beauregard, sa retraite
favorite, qui n'ont jamais connu le prix de son éloquence, parlent encore avec
attendrissement de sa charité ; Massillon prêchait moins de la voix que de l'exemple.
   M. l'abbé Blampignon a fait lui-même une bonne œuvre en J'ecueillant ces
souvenirs et en réchauffant le culte de cette vénérable mémoire. Il n'était pas
trop tôt. Hélas ! quelle gloire humaine peut se flatter d'échapper à l'oubli ? Et,
bien que le Petit Carême soit classique, est-on sûr que dans un siècle, si les
mœurs actuelles continuent, si notre présomptueuse ignorance ne se guérit pas,
nos arrière-neveux auront la curiosité de le lire?             HENRI BBAUNE.



      ÉTUDES FAMILIÈRES'DE PSYCHOLOGIE ET DE MORALE, par FRANCISQUE
        BOUILLIES, de l'Institut. — Paris, Hachette et G1', i vol. in-12, 1884.

    On recherchait autrefois la physique amusante.     Pourquoi notre siècle ne
 goûterait-il pas la philosophie amusante, j'entends une philosophie sérieuse,
 mais aimable, nullement solennelle et pédantesque, qui sait sourire à propos et
 qui, tout en donnant un enseignement solide, sait se mettre à la portée des gens
 du monde ? M. Fr. Bouillier est trop grave pour n'aspirer qu'à amuser ses
 lecteurs; mais il connaît trop bien la légèreté de nos mœurs, plus encore que
 celle de notre esprit, pour croire que nous nous disputerions encore, comme les
 belles marquises du dix-septième siècle, les traités d'Arnault, de Malebranche
 et de Descartes. Nous ne dédaignons pas la psychologie, nous avouons môme
 avoir besoin de morale, témoins tous les ouvrages, civiques ou non, qui en pren-
 nent le titre;.mais nous nous défions un peu de leur air parfois compassé et nous
 sommes loin de nous plaindre lorsqu'on les présente à nos regards sous une
 allure un peu familière. On relira donc avec intérêt, avec curiosité même, les
 études que M. Bouillier avait déjà publiées dans une Revzte et qu'il vient de
 réunir, sous un format plus commode, dans un petit volume ; on les relira même
  à Lyon, où l'on a si peu de temps à donner à la lecture, mais où le nom de leur
  auteur est justement entouré de considération et de sympathie,
   La sympathie, c'est précisément l'un des sujets qu'étudie M. Bouillier pour
 nous montrer les singuliers effets qu'exerce sur elle la distance. Un malheur