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     UN DÉJEUNER A ANTIBES

   Comparer Antibes à Marseille, à Gênes, à Naples, ou simplement
à Nice, sa voisine, ce serait peut-être risquer de se faire accuser
d'exagération par un lecteur pointilleux, et cependant, après tout,
Antibes est Antibes, et c'est déjà quelque chose. Elle existe; on peut
lavoir, si l'envie vous en prend; et même y baguenauder quelques
heures, si l'on ne craint pas trop de passer pour un original.
   On a dit que les peuples heureux sont ceux qui n'ont pas d'his-
toire. S'il en est de même pour les villes, il n'y a pas lieu de s'éton-
ner outre mesure qu'Antibes, qui n'a pas précisément l'air de suer
la prospérité, ait une histoire assez intéressante.
   Fondée par les Phocéens, comme la plupart des villes qui se
chauffent les murs au soleil le long de la Rivière du Ponent, bien
des siècles avant l'inauguration officielle de ce qui est devenu l'ex-
position internationale de Nice, elle reçut de ses parrains le nom
grec à'Antipolis. Ce nom devait lui rappeler que, placée en avant
de toutes les autres colonies phocéennes, ses soeurs aînées, elle
était leur vigie, leur sentinelle en face des Ligures, qui, dans ce
 temps-là, étaient turbulents et sauvages. Les Ligures sont encore
un peu turbulents aujourd'hui, mais cène sont plus des sauvages.
Ils déploient même, pendant la season, la plus louable ingéniosité
dans l'art délicat et lucratif de plumer l'étranger, pour sa plus
grande satisfaction et la leur.
   Les Romains firent d'Antipolis une place forte de premier ordre.
Ils creusèrent un port, construisirent un aqueduc, un temple, un
théâtre, un cirque. Les Thuriau-Lacour d'Antibes fabriquaient de