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          U,N RÉFORMATEUR AU D I X - S E P T I E M E SIÈCLE       451
rendit au collège. Il fit d'abord venir un père au parloir et lui
ordonna de réunir la communauté, parce qu'il avait quelque chose
d'important à lui communiquer. Puis, sans attendre plus long-
temps, il suivit le père avec une troupe de soldats, et, entré dans le
 couvent, lut une pièce, signée par le landgrave, qui ordonnait aux
jésuites de quitter le pays dans les vingt-quatre heures. Il refusa,
du reste, d'écouter aucune observation. Quelle réponse eût-il puy
faire ? Les jésuites étaient au nombre de quatre ; on leur remit
quelques thalerspour leur voyage. Après que le docteur Antrecht
eut lu l'ordre du landgrave, les soldats firent le reste. Un cer-
tain capitaine, nommé Winter, homme féroce, qui avait tué un
soldat parce qu'il avait oublié le mot d'ordre, prit possession du
collège avec vingt, hommes, et en expulsa les quatre jésuites
avec une rudesse dont les ambassadeurs danois, qui se trouvaient
présents, furent eux-mêmes indignés. Les jésuites, dépouillés de
tout, furent conduits, tambour battant, jusqu'à la porte Saint-
Pierre. Us allèrentpasser la nuit au couvent de Pètersberg, chez
les bénédictins réformés, et le lendemain, ils gagnèrent, par des
sentiers couverts de neige, la petite ville de Geisa1. L'un d'eux, le
vieux père Fichtner, mourut quelques mois après, des fatigues
endurées pendant le voyage.
   Un agent hessois, Fabricius, avait été chargé d'occuper le cou-
vent. Il brisa toutes les serrures, sonda tous les murs. Il s'imagi-
nait découvrir d'immenses richesses ; il ne trouva que des livres
dans la bibliothèque, des vases sacrés dans la chapelle, et un peu
de mobilier dans les appartements. Le tout fut transporté à Cassel.
Fabricius visita ensuite les biens-fonds du collège, et sans s'in-
quiéter des besoins de la culture, en enleva tout le bétail. C'était
moins une prise de possession qu'une razzia.
   Le collège fut assigné pour demeure à deux ministres. L'un,
Wiihelm, reçut la chapelle pour y célébrer le culte protestant;
l'autre, Stannarius, prit le nom de recteur et ouvrit une école.
Mais les bourgeois refusèrent d'assister au prêche de Wiihelm, et
d'envoyer leurs enfants à l'école de Stannarius.
   Le 1er mars, le docteur Antrecht fit prêter serment de fidélité au

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      Au nord-est de Fulda.