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           UN RÉFORMATEUR AU DIX-SEPTIEME SIECLE                            449
 heureux, à Lutter, sur le roi Christian IV de Danemark; mais
 comme les nécessités de la guerre l'obligeaient maintenant à con-
 centrer ses troupes pour aller au secours de Wùrtzbourg qu'assié-
 geait le roi de Suède, il emmena avec lui la cavalerie de Fugger.,
 laissant le malheureux prélat seul aux prises avec ses redoutables
 adversaires.
    Jean-Bernard ne pouvait demeurer à Fulda après le départ de
 Tjlly. Il envoya à Cologne le trésor de l'église abbatiale, les
archives et autres objets précieux l, et quitta de nouveau sa capi-
tale ; il ne devait plus la revoir.
    Une troupe de Hessois, commandée par le colonel Uslar, ne
tarda pas à occuper Fulda. La résistance était impossible. Uslar
avait d'ailleurs promis par écrit aux habitants de respecter leur
liberté religieuse. Les Hessois se mirent à enlever tout ce qui leur
tomba sous la main ; ils envoyèrent à Cassel les meubles de l'abbé,
et pillèrent jusqu'à l'hôpital. Les simples particuliers eux-mêmes,
mis à la torture, furent obligés de livrer aux soldats tout ce que
ces derniers pouvaient emporter,
   La bibliothèque de l'abbaye, devenue, de bonne heure, l'une des
plus riches de la chrétienté, avait déjà subi de grandes pertes.
L'abbé Jean avait fait porter au concile de Constance de nombreux
volumes qui n'étaient pas revenus. Plusieurs autres avaient été
prêtés, par exemple à l'empereur Rodolphe II, et n'avaient pas
été restitués. Certains, remis pour être imprimés, ne le furent pas
non plus. Un catalogue, dressé en 1500, par le bénédictin Jean
Knottel et découvert en 1808 par un savant allemand nommé Kind-
linger, contient une liste de 797 volumes, presque tous manuscrits
et sur parchemin 2 .
    En 1631, ces précieux manuscrits se trouvaient encore en grand
nombre dans la bibliothèque de l'abbaye. Ils disparurent dans le
dernier quart de cette même année, et l'on n'a pas encore pu
découvrir par qui ils avaient été enlevés. Kindlinger assure que le
nonce Carafa les avait emportés à Rome, lors de sa visite de 1627.
Cette assertion est complètement fausse. Peut-être furent-ils


 1
     Ils furent confiés à la garde des franciscains du couvent d'OeUjerg;
 2
     Tous manuscrits sauf cinq!, et tous sur parchemin sauf trois;