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UN RÉFORMATEUR AU D I X - S E P T I E M E SIÈCLE 447 états le rétablissement du catholicisme. Usant des droits que lui conférait sa souveraineté temporelle, il remplaça peu à peu, dans les cures, les ministres protestants par des prêtres catholiques. Grâce à ces seuls changements, les habitants revinrent au catholi- cisme, et avec une telle facilité, qu'on doit en conclure, comme L. Ranke en a fait la remarque pour plusieurs contrées de l'Alle- magne, que le peuple était demeuré fidèle à l'ancienne religion i . Le renvoi des ministres souleva cependant certaines difficultés de la part de la noblesse, qui, en vertu de ses anciens droits de patronage, nommait elle-même à diverses cures. On citera, comme exemple, ce qui se passa à Vôlkershausen en 1628. Une commis- sion, instituée par l'abbé, annonça aux trois frères, seigneurs de Vôlkershausen, qu'elle avait été chargée de rétablir le catholicisme. Elle leur représenta que cette religion était celle dans laquelleleurs ancêtres, pendant plusieurs siècles, avaient vécu et étaient ~morts. L'ahbé ne voulait porter aucune atteinte à leur droit de patronage ; mais comme ils n'avaient eux-mêmes, pourlemoment, aucunprêtre catholique à présenter, l'abbé nommait Jean Mihm, à titre provi- soire et jusqu'à présentation par eux d'un prêtre catholique, et ordonnait de lui remettre les clefs de l'église et les registres de la paroisse. L'aîné des trois chevaliers répondit à la commission, que leur fa- mille exerçait depuis deux siècles le droit de patronage, et que, depuis quatre-vingts ans, elle avait toujours confié la cure de Vôl- kershausen à des membres de la confession d'Augsbourg. Ils ne voulaient pas cependant résister à l'abbé, leur suzerain, mais ils protestaient contre une mesure prise en violation de leurs droits. Sans tenir compte de ces protestations, les commissaires se firent ouvrir les portes de l'église, arrachèrent un morceau de la cou- verture de l'autel, sans doute pour attester le droit de l'abbé, et firent sonner les cloches. Ils se rendirent ensuite à la cure, en expulsèrent le ministre, et installèrent le nouveau pasteur. Cependant le retour du diocèse de Fulda au catholicisme rencon- tra bientôt d'autres obstacles. Lorsque le roi de Suède, Gustave- Adolphe, eut battu à Leipzig les armées de l'empereur Ferdi- 1 L. Ranke. Die rômischen Pâpste, II. 40, 44, 53.