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422 LA REVUE LYONNAISE disparaît de ee monde comme le soleil des régions polaires qui n'a point de cré- puscule. Le savant chez M. Le Play était, nous l'avons dit, doublé d'un homme de bien. Les lecteurs, qui aiment à retremper leur âme au commerce de la grandeur morale, trouveront, dans les pages émues de M. Gh. de Ribbe, le juste dont parle d'Aguesseau : Sa voie est d'abord une trace imperceptible de lumière qui croît par degrés, jusqu'à ce qu'elle devienne le jour parfait. Ceux qui aiment la France sentiront leur courage, leur dévouement ravivés par ses appels incessants au travail, à la concorde et, surtout, au désintéressement : N'oublions jamais que notre force est dans le renoncement personnel, leur dira-t-il par son exemple encore plus que par ses exhortations. Ceux qui l'ont connu, ses amis, le reverront comme autrefois dans sa retraite de la rue Saint-Dominique, 17, ou dans son salon de la place Saint-Sulpice : Ils le retrouveront avec son visage calme et austère, illuminé dans un épa- nouissement qui disait mieux que le plus affectueux langage, la sincérité de son accueil. Nous avons oublié de dire que le livre de M. Ch. de Ribbe avait une seconde partie : les lettres dans toute leur teneur qui ont fourni le fonds principal de cette étude. La publication de ces lettres, après ce que l'auteur en avait cité, n'était pas nécessaire pour faire comprendre et aimer M. Le Play ; toutefois elles ne déparent rien. Les choses vraiment exquises sont toujours bien accueillies. Et maintenant notre critique est... un éloge... Quand un livre est vraiment bon et moralement beau, qui aurait le courage d'y chercher des défauts litté- raires ? Nous félicitons donc sincèrement M. Gh. de Ribbe d'avoir écrit ce livre qui l'honore comme ami, et comme écrivain, — qui honore son pays, sa Provence. Oui, la Provence est une terre privilégiée non seulement du soleil, mais aussi des muses. Voici qu'elle ressuscite la littérature des troubadours (M. Le Play, dans une lettre, demandait à M. Gh. de Ribbe de le tenir au courant de cette résurrection et y applaudissait, car il découvrait là une renaissance sociale au- tant que littéraire). Voici qu'elle rajeunit la poésie en la retrempant aux sources vraiment limpides, fraîches et intarissables : la famille, la nature, le sentiment religieux et le peuple. Honneur donc à la Provence ! J. BONGOMPAIN. LIX VIE ANTIQUE DES GRECS ET DES. ROMAINS, d'après la quatrième édition de E. G-UHL et W. KONKK, par P. TRAWINSKI. J. Rotschild, éditeur, 13, rue des Saints-Pères, Paris. Comme son titre l'indique, cet ouvrage est divisé en deux parties. La première, Ja Vie des Grecs, vient de paraître. Précédée d'une brillante introduction de M. Albert Dumont1, accompagnée de notes intéressantes de M. Riemann, cette étude aura, nous n'en doutons pas, un succès bien mérité. Elle a sa place mar- quée dans toutes les bibliothèques, car elle répond à un besoin. i A. Dumont ; Introduction, p. xxrv.