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PENSÉES 397 « Roi, le Savoir ! » cria un courtisan alerte, mais circonspect. Savoir, l'air humble, la lèvre émue, s'approche : « Sire, j'ai la parole droite, le cœur vrai, la main juste. Employez-moi, je vous serai utile. » Le roi répondit : « Orgueilleux, va-t'en ! » L'homme qui n'est pas à sa place est d'embarras pour soi et pour autrui. * La vie se passe à désirer ce qu'on n'a pas, à regretter ce qu'on n'a plus. Les arbres que le froid a touchés ne périssent pas tout d'abord. Le printemps les visite encore d'un reste de sève, les pare encore d'un peu de feuillage ; puis ils meurent... Ainsi est-il des cœurs qui, atteints profondément, aiment, parlent, sourient, quelque temps encore avant de mourir. * Lui : Voilà un an et plus que je vous dois; je veux m'acquitter... C'est?... L'ouvrier : Vingt-cinq francs, monsieur. Lui : Vingt-cinq francs? Oh ! oh!... Va pour vingt francs. L'ouvrier : Je vous fais un compte juste, monsieur; la marchan- dise est chère, le travail chôme, et puis les ouvriers sont rares, rares !... Lui : J'ai dit vingt, et je m'obstine. L'ouvrier : Je suis aux regrets... Lui : C'est un affront que je n'oublierai point, et mes amis ap- prendront de vos nouvelles! (Il ouvre son porte-monnaie.) Un mendiant (entrebâillant la porte) : La charité, messieurs ! Lui : A merveille !... Il ne sera pas dit que j'en aie la honte, et