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354                  LA R E V U E LYONNAISE
    Êtes-vous fatigué, inquiet, chagrin? Dites-moi si cet air pur et
vivifiant dont vous vous nourrissez à Nice, ce ciel profond et lim-
pide, ce soleil éclatant, ces nuits de féerie, cette mer aussi harmo-
nieuse pour l'œil que pour l'oreille ne vous rendent pas au moins
l'illusion de la gaieté? Grâce au chemin de fer, vous pouvez éche-
lonner vos excursions tout le long de la rivière. Saint-Raphaël,
Cannes, Antibes, Menton, Bordighera, San-Remo sont comme
des faubourgs de Nice. Monte-Carlo vous offre, presque à votre
porte, les plaisirs les plus raffinés, des jardins les plus beaux du
monde, un palais qui semble avoir été construit par les fées, des
concerts à charmer les anges. A Nice même, quelles délicieuses
promenades le long de la mer, à l'heure où le soleil se couche!
Quelles alléchantes flâneries sur les quais, sur les boulevards, sous
les arcades, devant les boutiques ! Quel magnifique coup d'œil du
Château ou des hauteurs de Cimiez ! Je ne dis rien du ballon captif
et de l'Exposition, destinés à disparaître. Encore sera-ce quelque
chose d'en avoir joui pendant toute une saison. Je laisse de côté
 aussi les fêtes du Carnavalet celles de la Mi-Carême. Je parle du
Nice habituel, du Nice de tous les jours. Vous êtes homme du
 monde, artiste, poète, dilettante, sportsrnan? Vous avez, pour
 satisfaire vos goûts, des concerts, des spectacles, un cirque.
 Presque tous les jours, il se fait des conférences scientifiques ou
littéraires. Chaque année a lieu une exposition de peinture, et celle
de cette année a de quoi satisfaire les plus difficiles. Des objets
 d'art, des meubles, de riches et curieux bibelots sont fréquemment
 mis en circulation par les ventes aux enchères. Demain on vous
 donnera un Opéra italien et un Casino sur la mer, comme à
 Brighton.
    N'avais-je pas raison d'appeler Nice et Evian deux sœurs ju-
 melles, également,charmantes et désirables? Ce sont deux endroits
 de plaisance destinés par la bonne mère Nature aux malades, aux
 nerveux, aux femmes, aux poètes, aux artistes, à tout ce qui est
 faible et sensitif dans l'humanité. Aussi que de visages remarqués
 pendant la bonne saison à Evian, se voient pendant la mauvaise à
 Nice! Beaucoup, et ce ne sont point les plus sots, de toutes les
 contrées del'Europeet jusque du fond de l'Amérique, vont à Évian
 faire la lessive de leur organisme en juillet, et viennent à Nice en