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                                BIBLIOGRAPHIE                                      317
générations actuelles, parleurs odieuses doctrines. Toutes les bases de la société
avaient été renversées ; il n'y avait plus ni loi, ni police, ni justice, ni sécurité :
« On ne pouvait plus exister, écrivait alors une femme célèbre, sur cette terre de
 désolation ». Les Jacobins étaient devenus les maîtres de la situation. Lutter
  également contre eux était devenu impossible, les châteaux étaient enflammes,les
prisons regorgeaient de suspects et, journellement, on fauchait les plus illusties
têtes.
   Mais les routes sont dangereuses ; les Jacobins les surveillent, il leur fallait
du sang, et pour leur échapper « les émigrés s'en vont, les uns à pied, avec
leurs hardes au bout d'un bâton, les autres sont dans des voitures souillées de
boue. Tous partent, mais pleins d'illusions ; chacun croyait rentrer bientôt. »
Hélas ! il devait en être autrement, et M. Forneron a présenté le plus saisissant
tableau des longues vicissitudes, sur le sol étranger, de tant d'hommes dignes
d'un meilleur sort, mais mal inspirés souvent dans leurs plans politiques, souvent
mal dirigés et mal secondés par les puissances étrangères, qui ne comprirent pa s
toujours qu'il était de leur propre intérêt d'opposer une digue à la Révolution.
La fortune leur est contraire aussi sur les champs de bataille ; ils avaient espéré
reconquérir leur patrie les armes à la main ; l'ineptie du roi de Prusse et do
l'Autriche laissa anéantir l'armée ditedes princeset la division se mit aussi dans leurs
rangs. La plus affreuse misère les attend,et il n'est pas de plus douloureux spec-
tacle que celui de tous ces fils d'illustres familles, errants, pauvres, dédaignés,
repoussés même sur la terre d'exil, pendant que leurs châteaux brûleut, leur
patrimoine, volé par la nation, est vendu à vil prix par elle, et que leurs parents
et leurs amis que la vieillesse ou les infirmités ont retenu on France, périssent,
pour la plupart sous la hache de la Révolution. Mais, enfin, des jours meilleurs
reviennent. Le général Bonaparte, victorieux dans tous les combats, est porté au
pouvoir par acclamation, et rouvre les portes de la France à tous ce^ malheu-
reux, malgré les Jacobins qui ont encore un reste d'influence. Tel fut la triste
odyssée des descendants de tant de familles qui avaient aidé nos rois à fonder le
glorieux et grand édifice de la Monarchie française, renversé par la Révolution
et à la place duquel notre pauvre France, quin'a d'oreilles que pour les jongleurs
qui la fascinent, la volent et la ruinent, n'a paa pu, depuis prô? d'un siècle, voir
s'élever un gouvernement durable. Le livre de M. Forneron sera un grand ensei-
gnement pour elle, car c'est une histoire vraie et impartiale de la fin de notre
vieille et glorieuse société française et de la naissance du monde nouveau, qui
n'a pas encore pu trouver une base solide et stable. Il devait assurer le bon-
heur de la France, et on attend encore en vain la réalisation de ses fallacieuses
promesses.                                                                X. X.



      COMTE ALEXANDRE DE I'UTMAIORE. — SOUVENIRS STJB L'ÉMIGRATION,
        L'EMPIRE ET LA RESTAURATION, publiés par le fils de l'auteur. —
        Paris. Librairie Pion, 1884. — Un vol. in 8°.

   Emigré, dépouillé de ses biens par une République qui faisait graver le mot
de Liberté sur tous les murs, rentré en France, puis placé dans l'administration
par l'Empereur qui n'avait rien de libéra', nommé préfet par la Restauration et
persécuté par le Gouvernement de 1830, M. le comte de Puymaigre consacra
les loisirs forcés que lui avait faits le roi Louis-Philippe à rédiger des Mémoires