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FKLIRRIGE 313 — On me charge d'annoncer aussi l'apparition d'un nouveau recueil : La Reçue provinciale dirigée par MM. Lombard, Fourès et Gassard. — On parle beaucoup, en ce moment, à Montpellier des fêtes prochaines du Premier centenaire de l'abbé Favre, mis en avant l'année dernière par notre collaborateur et ami, le vaillant félibre Arnavielle.Sousla direction do M. Roque- Ferrier, cette solennité faillit prendre les proportions de fêtes latines au petit pied. On parlait d'en offrir la présidence à S. M. la Reine de Roumanie. Mais les fêtes du Scarron du Languedoc doivent rester dans un cadre plus intime et aussi plus convenable. MM. Gounod et Paladilhe ont daigné accepter la prési- dence honoraire du concours musical. L'Atlandida, poème traduit de Verdaguer, par ALBERT SAVINE avec une intro- duction sur la Renaissance de la littérature catalane. Paris, Léopold Cerf, 13, rue de Médicis; 1884. L'apparition de ce livre, qui, en d'autres temps, aurait la portée d'un événe- ment littéraire, ne saurait être assez tôt signalée dans une revue félibréenne. L'admirable Atlantide de Jacinto Verdaguer, le chef-d'œuvre de la Renais- sance catalane et peut-être do la poésie espagnole du siècle, a trouvé dans M. Sa- vine un traducteur et un commentateur d'une délicatesse rare. L'étude aussi, dont le poème est précédé, et qui expose l'histoire du renouveau de Catalogne, mérite de très grands éloges, que je ne me permettrai de lui décerner qu'après lecture approfondie, dans un cadre plus étendu. Il est cependant certaines graves observations que je dois faire à ce livre, et dont je préfère me décharger de suite, —-y étant d'ailleurs moi-même intéressé, — pour ne pas déparer l'étude ultérieure. Ces observations concernent le refroidissement des Catalans et des Provençaux, et l'avènement de l'Idée latine à l'horizon du félibrige. Dans deux chapitres publiés en brochures de mon histoire en préparation des FELIBRES: Un félibre irlandais : ~W: G. Boniparle-Wyse et Vidée latine: Ch, de Tourtoulon (Lyon, Georg), j'ai exposé sans partialité —• que je sache — l'origine de ces rapprochements. C'est à dessein que j'ai laissé dans l'ombre le refroidissement réel qu'ils ont subi, ces dernières années. L'union dos deux littératures n'ayant jamais eu d'autres bases sérieuses que des raisons de sympathie, rien ne peut faire préjuger de leurs relations futures. Quoiqu'il en soit, l'exposition — trop partiale chez M. Albert Savine, — du différend occasionné par la constitution du félibrige en 1876, prend l'importance d'une question d'histoire à élucider. Lorsque les felibres d'Avignon eurent convoqué l'assemblée générale qui devait voter les statuts et nommer le consistoire, M. de Quintana arriva de Catalogne, muni de pleins pouvoirs pour représenter son pays. On le pria de dresser la liste des majoraux catalans. Sur la liste qu'il présenta ne figuraient ni Rubio, ni Pelay Briz. On insista beaucoup pour faire inscrire ces deux noms. Quintana répondit que, si ces deux noms paraissaient sur la liste consistoriale, le statut serait rejeté des Catalans, à cause de l'animosité qui existait entre ces deux poètes et les autres catalanistes ; que ces deux écrivains étaient notoirement hos- tiles à la fusion ; que nul, du reste, n'était mieux en situation que lui pour juger de l'état des choses.