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228                   LA REVUE LYONNAISE
grande toile, que sa dimension a classée hors salles, dans la cage
de l'escalier.
   Les Lutteurs (118) me paraissent appartenir à la catégorie de
ces tableaux à effet que l'on appelle des « coups de pistolet. »
Seulement ici c'est un coup de canon, mais avec ses qualités et
ses défauts, les Lutteurs ont des unes et des autres. L'ensemble
est d'un intérêt si disproportionné avec Pénormité de l'exécution,
que le coup de canon ne fera aucune brèche utile dans le palais
de la Renommée, c'est là du moins ce que je crains pour M. Chanut,
artiste consciencieux, courageux, énergique, qui a trouvé la note
de son talent dans son Buveur, qui l'a dépassée dans ses Lutteurs.
   Je ne puis négliger les tableaux si fins, si spirituels de M. SAINTIN,
toutefois ses deux tableaux ne feront pas oublier ceux de l'an passé.
   Est-ce un paysage animé, est-ce un tableau de genre paysager,
 que Voilà le train! de M. GUY ? En bien comptant, il y a deux
tableaux ; tableau de genre, les rustiques gamins qui escaladent le
mur pour mieux voir passer le train, et se déchargent de tout ce
qu'il s'étaient chargés de porter, opération familière aux gamins,
qui a fourni à M.Guy l'occasion de traiter avec talent des accessoires
incohérents, livres et harnais ; paysage, en second lieu, que toute
la partie que l'on voit à gauche en regardant le tableau ; mais en
dépit de cette critique, paysage et gamins sont peints avec talent,
avec goût, avec science, et l'ensemble est bon à regarder.
    M. BARRIOT me semble avoir visé le musée de la ville avec son
 Roi du tapis ; mais cette grande composition, trop grande pour
l'intérêt très relatif du sujet, ne donne pas la mesure du talent de
son auteur. La saltimbanque accroupie, dans des tons roux et
sourds, est lourde et désagréable à voir, et si le petit Roi est bien
le centre et la fortune du tableau, le reste delà composition est sans
intérêt suffisant.
    L'Insolation de M. BARIUAS représente un légionnaire romain,
terrassé par l'ardeur d'un soleil implacable, étendu sur le sol brû-
lant, et recevant les soins d'une jeune fille. Pourquoi cette scène
est- elle froide, malgré la lumière qui la baigne ? Peut-être le cadre
est il trop grand pour le sujet, mais cette toile où se montrent de
grandes qualités ne réalise pas tout ce que semblaient promettre et
e choix du sujet et le nom de l'auteur.