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                     LE SALON LYONNAIS                         227
   M. PAYJSN a exposé un Usurier Juif, ramassant précipitamment
son or répandu par terre, sous l'effroi d'une alerte qu'on devine.
Les accessoires de ce tableau sont bien rendus, il y a surtout un
encrier marocain d'une vérité complète; les pièces d'or, les v ê -
tements du sordide personnage sont détaillés avec talent, mais la
figure est travaillée dans une note violâtre désagréable, mais les
plans ne sont pas à leur valeur, et le fond de la pièce, le juif et
ses trésors, tombent en avant à ce point que l'on avance instincti-
vement la main pour éviter une chute pénible à ce pauvre vieux
mécréant.
   Si la Cuisinière de M. STEVENS n'avait pas un véritable clavier
à l'endroit des dents, qu'elle montre dans un large sourire natu-
raliste, cette robuste personne serait amusante à détailler, dans
son petit cadre, rempli avec une virtuosité incroyable d'objets
minuscules, rendus avec une précision de pinceau dont le lièvre
et le lapin que l'on admire dans Dure à cuire — il s'agit d'une
vieille poule — sont de surprenants exemples (538). Les solides
dents de ce cordon-bleu auraient seules raison des muscles durcis
de cette poule au moins septuagénaire.
   M. DODILLARD nous avait envoyé, il y a quelques années, un
tableau conçu dans la note dramatique, où il semble se plaire.
C'était un humble Frère, creusant la fosse d'un soldat tombé sous
les balles ennemies. Ceux qui ont vu ce tableau impressif s'en
souviendront encore aujourd'hui. La Mort du premier-né (177)
est un de ces drames vulgaires et poignants que chaque jour voit
se réaliser, dans les somptueux appartements des favorisés de ce
monde, ou dans le réduit froid et sombre de quelque pauvre
ouvrier. Plus encore que devant la loi, l'homme est courbé en ce
monde sous le niveau écrasant de l'épreuve et de la douleur. C'est
 un de ces drames ignorés qu'a traduit, par des moyens simples, le
 pinceau de M. Douillard. Une jeune et jolie femme, vêtue de noir,
 passe en pleurant devant les blanches draperies mortuaires. On
 devine qu'elle va chercher auprès de l'autel, les suprêmes con-
 solations.
   Le Buveur (119) de M. GHANUT, est une bonne toile, franche
d'allures et de couleur, qu'il me plaît de louer sans réserves,
parce que je me vois obligé d'en faire à l'égard de sa grande, trop