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LE SALON LYONNAIS 217 ment sur les dessins de son frère, et l'influence de cette collabora- tion continue, cette communauté incessante d'idées artistiques, a fait naître en elle un sentiment esthétique qui anime toutes ses œu- vres et leur donne une vie,trop rare dans les travaux de ce genre, dont la minutie extrême tend toujours à allourdir l'exécution. Il ne manquerait à Mme LERODDIER qu'une direction aussi habile pour assurer le même succès à ses œuvres, d'une extrême virtuo- sité d'exécution, mais qui pèchent quelquefois par l'agencement ; je veux cependant louer sans réserves son Christ brodé au point de satin. Les broderies au petit point de Mlles GOFFY méritent, même après les productions si artistiques dont je viens de parler, une très honorable mention. La maison RUFFIER-LEUTNER, de Tarare, a exposé aussi d'in- téressants stores dontles sujets, oiseaux et personnages, brodés à la main en laine et soie ou en applications, s'enlèvent d'une façon très heureuse sur un fond de tulle. Les soieries lyonnaises, velours, peluches, brochés, satins, bro- cards, damas, lampas et brillantines, occupent sous les noms bien connus des BÉRARD et FERRAND, CHAVENT père et fils, EMERY, HENRY, LAMY et GIRADD, MATHEVON et BOUVARD, TASSINARI et CHATEL,... plusieurs vitrines où les fleurs, les fruits, les arabesques les plus capricieuses, se sont donné rendez-vous dans des chatoie- ments merveilleux d'étoffes et des étincellements d'or et d'argent. Je ne puis rien citer, pour ne pas être obligé de tout citer. Je signa- lerai pourtant, avant de quitter les tissus, les portières grenat et or qui séparent les salons de la galerie; elles sont dues à M. P O N - GET, de Voiron, q u i a exécuté là un prodige à la fois de richesse et de bon marché. L'imprimerieapourreprésentantsMM. MOUGIN-RUSAND, STORCK, et les SUCCESSEURS DE LOUIS PERRIN, par les œuvres desquels Lyon reste fidèle aux traditions de ses grands typographes delà Renais- sance, les Sébastien Gryphe et les Jean de Tournes. M. RIETSGH, conducteur de la maison Pitrat, serait digue de concourir à l'or- nementation de ces beaux livres (le recueil de gravures tiré par lui avec un soin infini en fait foi), et M. MAGNIN peut se charger de leur donner les plus riches vêtements de maroquin. Nosbiblio- philes ont donc encore à Lyon de beaux jours sur la planche !