Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
         HUMBLE ESSAI DE P H O N É T I Q U E LYONNAISE                            141

de son endroit ou feignait de l'avoir oublié. Chacun place le bel
air où il l'entend. Il me souvient d'un qui faisait ainsi la bête. —
« Pôrle veire comme ta môre t'a n'apprenu ! » fit la vieille Mor-
nandiaude qui l'embrassait,



   C'est bien autre chose avec le service obligatoire pour tous. Ce
sera bien autre chose avec l'instruction obligatoire pour tous. Déjà
le paysan a honte de parler patois ; plus honte encore si ses en-
fants le parlent. — Idée d'ailleurs fort singulière, les ministres
donnent des-récompenses pour les meilleures études sur les patois,
et les préfets font des circulaires pour défendre aux instituteurs de
laisser les petits gones parler patois entre eux. — Admirable
unité de l'administration.
   Hâtons-nous donc de recueillir les débris des patois comme font
les archéologues des vieux pots cassés. C'est l'heure.

                                        *


   C'est grand'pitié que les érudits des siècles passés n'aient point
pris souci des patois. Sans doute alors il n'était pas question de
philologie. Mais des théories nous n'en aurions cure, si nous avions
seulement les matériaux. Quelle ressource, si l'on possédait des
lexiques des anciens patois comme celui de Du Cange pour le latin
du moyen âge !
   Les Paraboles de l'Enfant prodigue, publiées en divers patois
sous le premier empire, sont mince chose, et il ne faut pas toujours
se fier à leur exactitude. Pour le patois lyonnais, nous avons un
court vocabulaire inédit de Cochard l, inspiré sans doute par la
traduction des paraboles, et renfermant, avec des mots de pro-
venances bien diverses, quelques renseignements précieux, sur-
tout en ce qu'ils démontrent l'évolution incessante des dialectes,
principalement de ceux qui n'ont pas de littérature écrite. Je ne
parle pas des documents anciens ou modernes, auxquels a puisé

   Ce manuscrit est la propriété de M. Véricel, qui me l'a obligeamment confié.