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                       SOUVENIRS
                                   DU C O M T E



ARMAND DE SAINT-PRIEST
                          PREMIÈRE PARTIE
                                   —   SUITE   1 —




   Pendant que mon père et ma mère vivaient dans ce lointain pays,
il faut bien dire un mot de ce que nous étions devenus, nous autres
enfants. Nous étions arrivés au lieu de notre future résidence à
Heidelberg, alors encore capitale du Palatinat, où l'on pouvait profi-
ter des moyens d'éducation que fournissait une université célèbre,
et qui était devenue le rendez-vous de beaucoup de familles émi-
grées. Le lieu, d'ailleurs, était charmant comme situation, et la vie
n'y était pas chère. Il est difficile, en effet, devoir une position plus
attrayante. Une ville de peu d'étendue, sur les bords d'une belle
rivière, le Necker, entre deux rangs de montagnes bien boisées,
sur le penchant de l'une desquelles s'élève la plus belle ruine féodale
que l'on connaisse; tout cela frappait agréablement l'imagination,
et offrait des buts d'excursions et de promenades qu'on eût pu varier
à l'infini.
   Nous nous établîmes, avec notre précepteur, dans un logement
modeste mais suffisant; situé au centre de la ville, chez un fondeur
d'étain, brave homme et, de plus, bien établi et qui, depuis, a rem-
pli, pendant plusieurs années, la place de bourgmestre. 11 avait une

 1
     V. la Revue Lyonnaise,   t. VII, p. 1.