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          LES FACTEURS DES FORMES DU LANGAGE                       111
logie, qui est incontestablement une des grandes forces organisa-
trices auxquelles nos langues doivent leur vitalité et leur expan-
 sion.
    Un moyen fort simple de nous rendre compte du caractère et des
résultats de l'analogie dans le domaine de la' linguistique, c'est
d'examiner les faits qu'on peut y rattacher sans hésitation. Tels
sont, par exemple, les dérivés d'un mot relativement nouveau for-
més sur le modèle de mots plus anciens.
   Ainsi le mot latin Germania était certainement d'origine récente
pour les contemporains de César, bien que le dérivé germanicus
porte par sa syllabe finale l'empreinte ancienne, et d'emploi fréquent
dans les noms des peuples, que nous trouvons dans hispanicus,
africus, italiens, etc. Il est donc absolument certain que l'adjec-
tif germanicus doit sa forme grammaticale, — celle qui résulte du
suffixe, — à une imitation de celle des adjectifs comme italicus qui
lui sont antérieurs ; ou bien disons, pour donner une formule bien
connue au phénomène, que germanicus a été formé sur l'analogie
de italicus et des autres adjectifs semblables préexistants.
    Dans l'espèce, le rôle de l'analogie consiste donc à ajouter un
nouveau terme à une série morphologique déjà constituée. ,
   Or, le raisonnement que nous venons d'appliquer à germanicus
étant de mise pour chacun des termes autres que le premier en
date des adjectifs latins en eus, ca, cum, il en résulte que tous,
excepté l'antécédent commun, doivent également leur origine à
l'analogie.
   Et comme ce que nous venons de dire pour la série des adjectifs
en eus, ca, cum peut et doit se répéter pour toutes les séries mor-
phologiques entre lesquelles se répartissent les différents mots et
les différentes formes grammaticales d'une même langue, on voit
quelle part considérable l'analogie peut revendiquer de ce chef dans
le développement général du langage.
   Nous pouvons déjà répartir ce vaste lot en deux grandes subdi-
visions : les séries verbales et les séries grammaticales.
    Les séries veroales sont caractérisées par un suffixe qui range le
mot dont il fait partie parmi telle ou telle partie du discours, et, au
sein de celle-ci, parmi telle ou telle nuance significative. Citons en
latin les suffixes eus, nus, mus, etc., qui forment différentes séries