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BIBLIOGRAPHIE 91 mettra même pas de juger de la ressemblance du portrait qu'il trace, sous un voile transparent, de l'une des célébrités les plus en vue, l'année dernière, sur notée scène politique. Il est convenu que le poète et le romancier —• M, Alfred de Besancenet est l'un et l'autre — ne sont pas astreints à la mémo rigueur et à la même exactitude que Ihistorien. Pourtant, il est dans ce mince volume telle pagequi pourrait être acceptée comme de l'histoire, celle qui décrit, par exemple, les moyens ténébreux et les influences secrètes à l'aide desquels un ambitieux obscur peut, de nos jours, gravir l'échelle du pouvoir et s'élever par la popula- rité aux sommets du gouvernement. Admettons que l'auteur n'ait fait poser de- vant lui aucun modèle et qu'il se soit contenté de faire un récit purement roma- nesque; ses lecteurs conviendront sans peine avec nous que l'ensemble de son petit drame est amusant, qu'il est vraisemblable, point exagéré, que la langue en est facile, que les idées en sont justes et que la morale qui s'en dégage est par-dessus tout honnête, irréprochable. C'est à ce titre que nous pouvons en recommander la lecture, sans nous inquiéter des applications qui en seront faites. WILLIAM GAZ E . DIRECTOIRE, CONSULAT ET EMPIRE, Mœurs et Usages, Lettres, Sciences et Arts. France 1795-1815, par PAUL LACROIX (bibliophile Jacob). — Un vol. in-4, illustré de 10 chromolithographies et de 350 gravures sur bois, dont 24 hors texte, d'après les monuments de l'art de l'époque. — Paris, Firmin Didot et Gie, 1SS4. "Voir aux annonces. La vaste publication consacrée par le bibliophile Jacob à l'histoiie du dévelop- pement des moeurs, des lettres et des sciences dans notre pays, approche de son couronnement. Elle demeurera une des œuvres les plus justement recommandées de la librairie contemporaine et un des meilleurs titres de gloire de la maison Didot qui lui a apporté un si utile concours et lui a donné tant de soins. L'auteur avait conduit ses lecteurs depuis le moyen âge jusqu'à l'heure où s'ouvre la Révolution, et sa pensée fut un moment de s'arrêter là . Il lui répu- gnait d'avoir à parler de cette époque teinte de sang ; la carmagnole et le bonnet rouge ne lui paraissaient pas être des modes sur lesquelles il convînt d'arrêter beaucoup l'attention. En cela il avait raison : au surplus le sujet était tellement rebattu que toute sa perspicacité aurait eu beaucoup de peine à en tirer quelque chose de véritablement nouveau. Mais, après thermidor, une ère nouvelle s'ouvrit, un monde renaissant se forma sur les débris de l'ancien. Ce furent des jours étranges où toutes les bizarreries se donnèrent libre carrière, où le plaisir de jouir d'une vie, qu'on s'était cru si près de perdre, fut ressenti avec une intensité qui allait jusqu'au paroxysme et qui surexcitait tous les appétits. Puis sur toutes les frontières le canon gronda, le drapeau tricolore fit le tour des capitales d'Europe, la gloire devint comme le sentiment national, et s'inspirant de lui, les moeurs, les usages prirent un caractère uniforme de pompeuse grandeur qui n'allait guère sans être accompagné d'un mortel ennui. Directoire, Consulat, Empire : c'est le titre du volume que le bibliophile Jacob vient d'ajouter à la collection. L'ouvrage est divisé en deux parties : la première traite des mœurs, des cou- tumes, des usages ; la seconde, des sciences, des lettres, des beaux-arts, des arts industriels. Toutes deux sont également intéressantes, toutes deux travaillées