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                              BIBLIOGRAPHIE                                       87

tout eût été dit sur Louis XVII, et qu'il n'y eût plus pour l'historien, dans la vie
do ce malheureux prince, matière à un nouveau travail. Sur un point cependant,
dans certains esprits, des doutes existaient encore, suscités et entretenus par la
mauvaise foi plus encore que par l'ignorance, mais qu'il importait de dissiper
entièrement, pour mettre enfin un terme a de frauduleuses intrigues,
   Louis XVII est-il mort au Temple? Telle est la question que se pose
M. Ghantelauze, et qu'il n'hésite pas à résoudre de la façon la plus affirmative
après une minutieuse discussion des faits,et par une argumentation dont la rigueur
logique n'exclut jamais l'intérêt attachant du récit.
   fin dehors des Mémoires des témoins oculaires du temps, les précédents his-
toriens de Louis XVII avaient eu, dans deux enquêtes officielles faites sous la
Restauration, leur source la plus précieuse d'informations ; l'une avait eu pour
but de découvrir dans le cimetière de Sainte-Marguerite les restes du Dauphin,
l'autre de constater l'authenticité de son cœur, précieusement conservé par le
chirurgien Pelletan, qui déclarait s'en être emparé en procédant à l'autopsie.
Une troisième enquête, ignorée de ces historiens, avait été ordonnée par
Louis XVIII, pour rechercher et re'compenser tous les hommes qui, de près ou de
loin, avaient osé faire preuve de dévouement aux prisonniers du Temple. Ce sont
les procès-verbaux de cette enquête, habilement dirigée par le comte Decazes
ministre de la police générale, et le comte Angles, préfet de police, que M. Chan-
telauze aeul'heureuse fortune de découvrir aux Archives où ilsavaient été versés
après la Révolution de 1830.
    On a accusé la Convention d'avoir fait mourir Louis X V I I ; le fait est faux.
Après l'avoir traité en prisonnier d'État, elle a eu le tort de laisser la Commune
le traiter en prisonnier de droit commun, mais ce n'est pas à elle qu'il faut faire
remonter directement la responsabilité des odieuses mesures prises contre le
Dauphin. Par raison d'Etat, elle avait intérêt à sa conservation ; la captivité du
fils de Louis XVI empêchait la reconstitution de la monarchie sur la tête du Comte
de Provence ; sa mort pouvait en faire un prétendant, aussitôt acclamé par la
Vendée, par les émigrés répandus par toute l'Europe, et par les cours étrangères.
C'était pour elle un trop précieux otage pour qu'elle cherchât à lo faire dispa-
raître; quand elle applaudissait les sanglantes menaces de Brival, de Mailhe et
de Bilhaut-Varennes, elle cherchait surtout à intimider les Royalistes, et l'in-
quiétude qui l'agitait chaque fois que les bruits du dehors apportaient dans son
 enceinte les fausses nouvelles, si souvent répandues, de la maladie ou de la mort
 de son prisonnier, trahissait mieux ses véritables sentiments.
  Pour soutenir la thèse de l'évasion de Louis XVII, on a prétendu que la Con-
vention, qui avait un si grand intérêt à la dissimuler, lui avait aussitôt substitué
un autre enfant. Et la preuve, ajoute-t-on, de cette substitution, c'est que l'enfant
mort au Temple le 8 juin 1795, était muet, et qu'il était scrofuleux, ainsi que Ta
révélé l'autopsie.
   La première de ces assertions, soutenue par Louis Blanc, ne résiste pas à un
examen sérieux; le mutisme dans lequel le Dauphin s'est souvent renfermé de-
vant ses bourreaux, et qui a donné naissance, trente-cinq ou quarante ans
seulement après sa mort, il faut bien le remarquer, à la légende de l'enfant rnuet,
n'était qu'intermittent et volontaire ; il le rompait devant tous ceux auprès
desquels il se voyait l'objet de compassion et de soins affectueux; la légende
tombe d'elle-même devant les témoignages de Lasne et de Gomin, derniers g a r -