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BIBLIOGRAPHIE 83 sadeur vénitien Correro. Jean de Serres, Adriani, Mathieu, M. Henri Bordier, M. Combes ont cru, au contraire, à la promesse d'un massacre en grand, de nou- velles vêpres siciliennes, et sont sur ce point en contradiction formelle avec un écrivain protestant, M. Soldan, avec MM. Loiseleur, Maury et Henri Martin. Dernièrement dans la Revue des questions historiques, M. le comte Hector de la Ferrière repoussait énergiquement l'opinion de M. Combes, et, sans se pro- noncer sur la véritable portée des engagements de la régente, sans vouloir affirmer que la Saint-Barthélémy ait été préméditée dès 1565, démontrait que la faute inexcusable de Catherine a été de s'être rendue à Bayonne, d'avoir ainsi provoqué les craintes, et, par suite, la prise d'armes des protestants, d'avoir, en un mot, joué le jeu de son gendre Philippe II, d'avoir travaillé pour le roi d'Espagne. Selon lui, elle aurait dû maintenir et pratiquer loyalement l'édit de pacification et faire marcher contre l'étranger, c'est-à -dire contre l'Espagnol, catholiques et réformés sous le même drapeau. Cette conclusion n'est pas celle de M. Kervyn de Lettenhove, du moins il incline visiblement à croire que l'entrevue de Bayonne a recelé une véritable conjuration contre les chefs huguenots de France. On peut dire à cet égard que la question n'est pas encore vidée, car dans le champ de l'histoire, la carrière n'est jamais close. Quant au reproche adressé par M. de la Ferrière à la rusée Italienne de n'avoir pas suivi une politique exclusivement nationale, en dehors de toute accep- tion religieuse, les documents produits par réminent historien des Huguenots et des Gueux démontrent combien, grâce aux intelligences des réformés de France et des Pays-Bas, cette politique était difficile, périlleuse, sinon même imprati- cable. Je serais disposé à croire qu'elle tenta souvent Catherine de Médicis, dont les hésitations et la conduite tortueuse trahissent du moins le combat qui se livrait à ce sujet dans son esprit. Pourquoi ne fut-elle pas en définitive adoptée? C'est que les succès militaires de Coligny et du prince de Condé, aidés contre la monar- chie espagnole par leurs frères des Pays-Bas, eussent facilement amené la triomphe des Huguenots en France et, peu après, la chute des Valois. Catherine voulut surtout défendre la couronne de son fils : la mère, la régente, l'emporta sur la française d'adoption ; ce fut là sans doute une faute, mais est-elle tout à fait inexcusable ? Nous en jugerons au surplus en lisant les autres volumes de M. Kervyn de Lettenhove, car le premier seul a paru. Dès aujourd'hui, ces légères réserves faites, nous pouvons assurer qu'ils exciteront à juste titre, par leur valeur et l'abondance des renseignements nouveaux qu'ils renferment, l'attention du monde savant. HENRI BEAUNE. LA SYRIE D'AUJOURD'HUI, par le docteur LOUTET, doyen de la Faculté de médeeiue de Lyon. — Un magnifique volume in-4 illustré de 350 gravures dessillées sur Lois, et contenant 3 cartes. — Paris. Hachette, 1884. —Broché; 50 francs. Relié richement avec fers spéciaux, tranches dorées : 05 francs. Le doyen de la Faculté de Médecine de Lyon, M. Lortet, publie le récit de ses voyages en Syrie, en Phénicie et en Judée, et la maison Hachette consacre à cet ouvrage une de ses éditions de grand luxe si universellement appréciées. Je me hâte de dire que le travail de l'écrivain, par toutes les qualités qui le