Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  BIBLIOGRAPHIE


      LES HUGUENOTS ET LES GUEUX, étude historique sur vingt-cinq années
       cln seizième siècle, par M. le baron KERVYN DE LETTENIIOVU, Bruges, Beyaert-
       SÉorie ; Paris, Lecoffre, rue Bonaparte, 1883, t. I", vol. in-8.

    « La crise religieuse du dix-huitième siècle, a dit M. Guizot, n'était pas sim-
 plement religieuse; elle était essentiellement révolutionnaire. » C'est à partir de
 cette époque que la Révolution s'est installée en permanence dans l'histoire moderne.
 Pour avoir changé de drapeau, elle n'a changé, depuis trois cents ans, ni de but
 ni de doctrine; les attaques qu'elle livre à la vieille Société chrétienne sont les
 mêmes; ses desseins, ses passions, ses intérêts ont aujourd'hui le même objet
 qu'autrefois; derrière les libres-penseurs et les radicaux contemporains apparaît
 nettement l'ombre des révoltés du dix-huitième siècle qui leur tracèrent la roule
 et ouvrirent les premières tranchées. La Réforme eut beau s'envelopper sous un
 voile confessionnel; elle fut presque partout, sinon dans la pensée de ses princi-
 paux chefs, du moins dansses résultats, une insurrection politique ; l'alliance étroite
 que contractèrent les Huguenots de France avec les Gueux des Pays-Ras le
 démontrerait à elle seule, si la communauté de leurs vues ne l'attestait encore
 plus clairement: sous l'apparence de la liberté religieuse, ils poursuivirent ensemble
la dégradation, c'est-à-dire l'anéantissement du pouvoir monarchique; leurs théories,
 sorties de la même source, eurent un but identique, quoiqu'ils les contredissent
 souvent par leurs actes : en revendiquant la tolérance, les uns et autres poussèrent
aux dernières limites la persécution; en se proclamant seuls patriotes, ils étouf-
fèrent les sentiments généreux qu'inspire l'amour de la patrie. Dans les deux paj's,
 pour les promoteurs du mouvement, l'hérésie fut surtout un prétexte à la Révo-
lution.
   Cette thèse, souvent effleurée par les historiens, vient d'être reprise avec
vigueur par un érudit belge, ancien ministre de l'intérieur à Bruxelles, président
de la Commission royale d'histoire, et bien connu par les nombreux ouvrages
historiques dont il a enrichi sa terre natale. M. le baron Kervyn de Lettenhovc
s'est demandé si, au moment où l'on honorait, dans les Pays-Bas, la mémoire des
insurgés du seizième siècle en célébrant le patriotisme des Gueux, il n'était pas
juste de rappeler les attentats de ces sectaires, qui envahissaient les hôtels de ville,
qui pillaient les cathédrales, qui détruisaient du même coup les monuments du