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28                    LA REVUE LYONNAISE
pendant qu'un bûcher se dressait pour les brûler comme sorciers
et magiciens. L'archevêque intervint, voulut les arracher au sup-
plice, et se voyant impuissant à triompher de la superstition et de
la violence de la foule, il les fit secrètement évader.
   Un sort tout contraire fut réservé par les descendants des sau-
vages paroissiens du saint évêque aux inventeurs du « char
aérien, »

            qui permit aux mortels de s'approcher des Dieux.


    Non- seulement l'aîné des frères Montgolfier fut appelé et reçu
à Lyon avec tous les honneurs dus à son génie, mais on vit le pré-
 vôt des marchands, Fay de Sathonay, proposer au Consulat d'ou-
 vrir une souscription pour dresser une pyramide en l'honneur de
Joseph-Michel Montgolfier, et demander que son portrait fût placé
 àl'Hôtel-de-Ville. On vit le Consulat lui accorder le droit de bour-
 geoisie, et l'Académie de Lyon l'admettre au nombre de ses mem-
bres, L'Académie de Nîmes le nomma membre associé par accla-
 mation, en dérogeant à toutes ses règles ordinaires, et arrêtant
 « que cette exception, justifiée par la découverte de M. de Mont-
 golfier, ne se reproduirait à l'avenir pour qui que ce soit ».
    Nous n'avons pas à parler ici de l'expérience des jardins de la
 Muette, où Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes s'élevèrent
dans les airs, en présence du Dauphin et de sa suite, aux applau-
 dissements d'une foule innombrable de curieux. Le procès-verbal
 de cette ascension fut dressé au château de la Muette. Benjamin
Franklin, qui avait assisté à l'expérience, le signa, et fit à un per-
 sonnage qui lui demandait son avis sur « l'utilité » des ballons,
cette ingénieuse et prophétique réponse : « A quoi peut servir
 l'enfant qui vient de naître!... »
    Dès les derniers mois de 1783, on se préoccupa des voies et
moyens à employer pour obtenir, à Lyon, ce merveilleux spectacle.
Les applaudissements de la cour et de la ville avaient réveillé
pour le célébrer, tous les échos de la province.
    M. de Flesselles, intendant du Lyonnais, se mit en tête d'une
souscription qui fut promptement couverte, et, dès les premiers
jours de l'année 1784, on commença les préparatifs de l'ascension.