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ET DANS LE TEMPS. 501 Or, la loi d'individualité a pour tendance directe de déve- lopper le moi, conséquemmenl d'élargir son empire, de le faire prédominer, et de le faire se sacrifier tout ce qui n'est pas soi. Tandis que la loi d'unité qui, pour accomplir le but de l'individualité, doit la rapporter à l'ordre universel, travaille à la contenir et à préparer déjà le grand avènement de l'u- nion, en imposant à l'individualité le sacrifice de soi. Car, au jour de l'infini, lorsque l'individualité sera formée, il faudra bien qu'elle se donne à Dieu, et qu'elle entre en lui pour en recevoir la vie éternelle... Pour que l'homme puisse prendre part à cette éternelle vie, il faut qu'il se conduise comme l'Infini, dans lequel toutes les puissances divines accourent en sacrifice, et se donnent pour rentrer dans cette ineffable unité qui, par le fait de la totale possession de l'Être, constitue le bonheur absolu. Car enfin, le mouvement définitif de l'homme, celui qui l'accom- plira dans l'Impérissable, ce mouvement pour lequel s'opère tout le travail de cette vie, en un mot l'acte libérateur sera l'acte d'amour par lequel l'homme s'unira à jamais à Dieu. Le monde entier n'a été fait que pour conduire l'homme à ce résultat de l'unité, et qu'il devienne l'Octave de la félicité éternelle. L'homme ne doit donc agir lui-môme et sur lui-mô- me que pour arriver à celte sublime fin de tout être, l'amour. Conséquemmenl le grand objet de l'homme est de subor- donner la loi d'individualité, qui tendrait à le faire centre re- latif, à la loi d'unité, qui tend à le conduire dans le centre absolu. C'est-à -dire, en termes de morale, que l'homme doit former sa volonté et son cœur pour les offrir a Dieu. De l'ordre absolu descendons en ce monde, et voyons ce qui se passe dans la conscience de l'homme. La loi d'individualité établit en l'homme une tendance vers soi, et la loi d'unité une tendance hors de soi. La tendance vers