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72 SOCIÉTÉ DES AMIS-UES-ARTS. M. Wallier, en voulant imiter Vatteau, a répandu sur sa toile une épaisse vapeur qui nuit sans doute au mérite qu'on pourrait y trouver. Parmi les jeunes artistes qui réunissent, les qualités qu'exige la peinture de genre, se dislingue M. Adolphe Leleux, qui a peint, avec tant de goût, de vérité et de finesse d'observation, des scènes de la vie des paysans bretons. Toutefois, M. Ad. Leleux a craint avec raison de se renfermer dans un genre qui pouvait à la fin devenir monotone et dégénérer en ma- nière; alors, tout d'un coup et sans transition, il a passé du ciel gris de la Bretagne aux ardeurs du soleil espagnol. Tous ceux qui ont vu ses Chanteurs à la porte d'une Posada se les rappellent sans doute; ses Cantonniers offrent les mêmes qualités; ils sont groupés avec goût, les physionomies sont bien caractérisées, les costumes fidèles dans leur bizarrerie pittoresque ; on retrouve sous ces haillons dépareillés la pré- tention vaniteuse et la fierté nonchalante du peuple espagnol. Lesfiguressont la partie la mieux traitée de cet ouvrage qui, •Sans son aspect général, rappelle peut-être un peu trop celte rrudité de ton, cette froideur de lumière que M. Leleux \nettait dans ses scènes bretonnes. M. Armand Leleux, qui marche dans la même voie que son frère, et qui souvent par- tage ses succès, a vu d'autres sites, mais n'a pu tout à fait ou- blier celte terre chérie à laquelle il a dû ses premières inspi- rations ; ses Laveuses de la forêt Noire ont un faux air de bretonnes dépaysées. M. Colin imite Bonninglon, mais il n'a pas su se mettre en garde contre sa facilité qui l'a conduit au laisser-aller. Ce peintre sait, mais il exprime moins bien qu'il ne sent ; sa cou- leur devient de plus en plus fausse et froide. Il y a du maître dans Dieu et le Roi de M. Guillemin ; toutes les parties de ce tableau sont traitées consciencieuse- ment ; la couleur est vraie partout. Toutes les figures sont