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DU MORCELLEMENT. 19 celle qui fait dominer la petite culture dans des limites con- venables à l'intérêt public. Nous nous empressons de recon- naître que la division, opérée par la Révolution, a été l'un de ses plus grands et de ses meilleurs résultats, tout en regret- tant la confiscation qui l'a entaché. La Révolution constitua propriétaire le gros de la nation : elle livra à la culture d'immenses terrains laissés stériles par leurs riches détenteurs ; elle décupla la fortune publique, en rendant ces terres productives et en mobilisant le territoire par l'effet des mutations ; elle accrut ainsi la population malgré les guerres, et quelles guerres ! Car la propriété fon- cière et la population ont, dans les pays agricoles, un déve- loppement simultané, comme choses corrélatives ; en multi- pliant le nombre des propriétaires, elle imprima un grand essor à l'esprit public, partant elle organisa les moyens d'une énergique résistance à l'aggression étrangère. Sous la Restauration, la spéculation a continué l'œuvre de la Révolution, en dépeçant les grandes propriétés, en les vendant en détail, en démolissant les châteaux pour bâtir des fermes et des maisons d'agriculteurs. Sans doute, au sentiment de cetains hommes, avec lesquels nous sympathi- sons, détruire les manoirs historiques du moyen-âge, ou les belles villa de la renaissance, défricher leurs parcs aux ombrages séculaires et renverser leurs magnifiques avenues, c'est une sorte de vandalisme ; mais, au point de vue de l'économie politique, il serait permis d'apprécier cette trans- formation comme un élément de plus à la puissance na- tionale, dans un grand état dont les tendances démocrati- ques et les institutions rendent l'aristocratie terrienne à peu près impossible. Les bandes noires, pour les appeler parleur nom, ontdonc beaucoup contribué à l'œuvre delà division révolutionnaire; elles ont ainsi amoindri le champ de la grande culture et agrandi ce-