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46                   EXCURSION DANS LE MIDI.
                    Charles Kelsall, anglais,
                      A fait élevé)- ce cippe,
                        L'an de grâce 1823.
                 Les vers si connus du royal poète
                Avertissent de ne rien dire de plus.

   Il faut en convenir, c'est un honnête anglais que ce M. Kel-
sall : il a donné, en passant par Avignon, une leçon de très
bon goût aux Avignonnais. La ville aurait bien fait démet-
tre cette leçon à profit pour une autre de ses grandes il-
lustrations, le brave Crillon, né et mort dans ses murs,
mais dont aucun monument ne rappelle la mémoire. Cepen-
dant Grenoble lui avait donné l'exemple en élevant une
slalue à Bayart sur une de ses places publiques. Après
Grenoble, voici Valence qui érige une statue au brave
Cliampionnel, et puis la ville d'Aix qui vient de voler deux
statues en pied de Siméon et de Porlalis. J'ai visité le Musée,
j'ai visité la mairie, j'ai visité tous les établissements publics
d'Avignon; eh! bien, croirait-on que l'on n'y trouve pas un
seul tableau, pas un buste, pas une inscription en l'honneur
de Crillon? Aux Invalides, où l'image du brave des braves se-
rait si bien placée, pas un souvenir, rien(1)'.Mais voyez quelle
bizarrerie ; Aviguon, la ville royaliste et dévole, a fait plus
pour l'amante d'un poète italien, que pour l'ami d'un roi de
France! Le héros de Jarnac, d'Ivry, de Moncontour, de Saint-
Jean-d'Angély et de vingt autres batailles, où il versa son no-
ble sang pour la pairie, attend encore dans sa ville natale
l'humble pierre qui couvre les restes de Lame!
   Pour en revenir à celte belle amanle du poète, Pétrarque a,
dit-on, consigné dans une note édile de sa main, en marge de
son Virgile, un naïf récit où il fait connaître l'origine de son


  (t) Il y a bien dans la ville un hôtel de Crillon, mais c'est là une maison
particulière; ce n'est point un monument élevé à la mémoire du preux et féal
chevalier.