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KT DANS LE TEMPS. 489
conserver, et arrive môme, par ce fait, à prendre la prédo-
minance sur l'ame.
Comme tout mal n'est qu'une privation de l'être qu'il était
donné à une nature de posséder, et que l'orgueil opère la
séparation même avec l'être absolu, il est aisé de concevoir
que le mal ait eu son principe dans l'acte de l'orgueil. Aussi.
les plus anciens livres du monde ne pouvaient-ils nous le dire
en termes plus clairs qu'ils ne l'ont fait. On lit dans les
Ecritures : initium omnis mali est Superbia, initium Super-
biœ hominis APO-STATAKE à Deo, quoniam ab eo qui fecii
illum EECESSIT cor ejus ! « L'origine de tout mal est l'orgueil,
et l'origine de l'orgueil de l'homme est, de se séparer de Dieu,
parce qu'il retire son cœur de celui qui l'a fait. »
Nous verrons lout-a-1'heure comment cet acte ontologique
se traduit ensuite dans les faits. Mais, pour le moment, en
consultant les lois ontologiques, nous reconnaissons que le
fait n'a pu avoir lieu autrement. Puis si nous consultons les
traditions de l'humanité, nous nous apercevons qu'elles ra-
content effectivement que l'orgueil, nous ayant fait perdre
l'attraction divine, fut cause de la chute de l'homme. Et
ces données sur l'être vont si loin, dans l'explication géné-
rale qu'elles nous fournissent, que nous voyons ces mômes
traditions rapporter au même acte la chute d'une création
antérieure à la nôtre ; l'orgueil renversât une partie des
anges qui avaient été créés avant l'homme. Enfin, pour
nous convaincre que l'orgueil n'est pas autre chose que le
phénomène d'asséité dont nous venons d'expliquer la nature
et la cause, sans rappeler le sens du mot superbia', nous1 n'a-
vons qu'à observer la formule de la tentation d'après laquelle
le premier homme fut séduit : ERITIS SICUT DU ! Vous
serez comme des dieux ! c'est-Ã -dire, vous vivrez de la vie
absolue, sachant tout, le bien et le mal ; vous serez indé-
pendants, vous vous suffirez à vous-même.