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366 M0L1ÉRIANA.
III.
Le bibliophile Jacob (Paul Lacroix) vient de faire paraître
la dernière partie de la Bibliothèque dramatique de M. de
Soleinne. Le n° 189 est l'indication de Mélisse, tragi-comé-
die pastorale (attribuée à Molière), sans nom et sans date,
petit in-8° (plutôt qu'in-12). « Chaque fois que cette pas-
torale repasse sous mes yeux, dit le Bibliophile, j'y trouve
dans les formes du slyle, comme dans les pensées, un nouvel
argument à l'appui de l'opinion qui la donne à Molière.
Vos maux, pour grands qu'ils soient, auront un meilleur sort,
Aucun amour jamais ne fut content d'abord ;
Le comble des malheurs souvent se change en fête,
Et la bonace suit de bien près la tempête...
La mort vient assez tôt, sans que l'on la prévienne ;
Vers elle, malgré nous, chaque pas nous emmène...
Les amants ont des yeux que jamais on n'abuse,
Ils savent distinguer le vrai d'avec la ruse ;
Un soupir, un regard, un mot dit en passant,
Leur sert de conjecture et d'indice puissant...
Qui se laisse amollir aux soupirs d'une femme,
A bien moins de pitié que de faiblesse en l'ame ;
Le courage consiste à mépriser des pleurs,
Que l'on verse souvent pour émouvoir nos cœurs...
On vit bien moins en soi qu'en la personne aimée...
« Il faut avoir lu et comparé les meilleurs auteurs drama-
tiques de celte époque, pour être certain que pas un d'entre
eux n'était capable d'écrire avec cette admirable justesse
d'expression. »