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EXCCHSIOX DANS LE MIDI. 243 fut question de transporter les cendres de Napoléon de Saint- Hélène aux Invalides, et d'élever un monument à la m é - moire du grand h o m m e . Les nns s'écriaient : « Vous allez toucher à l'épée du conquérant. Imprudents ! ne craignez- vous point que celle épée ne se dresse dans vos faibles mains et qu'elle ne se tourne contre vous? » — « Votre ovation, disaient les autres, sera le signal d'un embrasement général en Europe. » El lorsqu'il s'agit d'ajouter au mausolée des Invalides une statue équestre de l'Empereur, l'émoi fut général parmi les jannissaires du juste-milieu. — « Napoléon à cheval sur la place publique ! disaient-ils, y pensez-vous ? C'est la res- tauration du régime impérial, avec son esprit de conquêtes et ses fatales exagérations de la gloire ! » Au moment où nous écrivons, il y a encore de braves doctrinaires qui ne raisonnent pas autrement. Si cependant ces bonnes gens voulaient se donner la peine de réfléchir un peu. Et Louis XIV à cheval sur la place des Victoires^ à Paris , et Louis XIII à cheval sur la place Royale, et Henri IV à cheval sur le Pont-Neuf, n'avez-vous pas peur qu'ils ne ca- chent aussi dans leurs haut de chausses quelque secrète r é - habilitation de la monarchie absolue, quelque complot contre la dynastie nouvelle? Pour ce qui regarde l'esprit de con- quête et les exagérations de l'honneur national, M. Guizot y a mis bon ordre, vraiment, et vous seriez par trop difficiles, messeigneurs, si vous ne trouviez pas toutes les garanties dési- rables contre des velléités de gloire impériale, dans la paix du Maroc, les affaires de Taïti et l'indemnité Prilchard. Mais heureusement il est un bon sens public qui partout fait justice de toutes les aberrations de l'esprit de parti, de toutes les apostasies, de toutes les couardises ; une voix, la grande voix de la raison, à Marseille comme à Paris, est parvenue à couvrir ces criailleries impuissantes. Napoléon, quoiqu'on ail pu faire et pu dire, alors comme