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404               EXCURSION I>ANS LE MIDI.
doule pour découvrir adroitement s'il n'en sortait pas quelque
bout de fusin démocratique.
   J'ai consigné ce fait sur mon album , me promettant bien de
le mettre un jour sous les yeux de l'autorité compétente afin
qu'elle veuille bien demander pour ce fidèle fonctionnaire l'a-
vancement qu'il mérite et même le ruban de la Légion-d'Hon-
neur. Je connais une grosse ville industrielle du département de
la Loire où l'on a décoré bon nombre de marchands qui certai-
nement n'ont pas rendu de plus éminénts services à la cViose
publique que le concierge du château d'If, mais il est juste de
dire que ces gens-là sont de gros électeurs patentés. Or, au-
jourd'hui, la patente avant tout; c'est le nouveau droit poli-
tique.
   Le capitaine-adjudant qui commande le château d'If a égale-
 ment sous ses ordres les batteries de Pomègue et de Ratoneau.
Ces deux îlots sont réunis par une forte digue construite sous
Louis XVIII, et ils forment un port où se rendent les bâti-
 ments soumis à la quarantaine. Pendant la Restauration, on
avait baptisé ce port du nom de Dieudonué , en l'honneur du
duc de Bordeaux. Il s'appelle aujourd'hui , sans métaphore
divine ni hyperbole vnonachique, port du Friou.
   C'est dans l'ile de Ratoneau que se tiennent les pilotes cô-
tiers. Ces braves gens , à la vue du pavillon bleu hissé au mât
d'un navire, parlenl dans une frêle embarcation, quelque-
fois au milieu de la bourrasque et souvent au péril de leur vie,
pour se rendre à bord des bâliments et les conduire à travers
les dangers que le fond et la côle peuvent présenter. On cite
mille traits de dévouement de ces patrons presque tous vieux
marins, ayant battu les mers et plus d'une fois les Anglais.
    Sous le règne de Louis XV et le gouvernement       du duc de
Villars, l'île de Ratoneau devint le théâtre d'un      événement
des plus bizarres. Voici le récit qu'en a fait une     gazelle du
t e m p s , qu'un obligeant Marseillais a mise à ma    disposition
pour le transcrire littéralement.
    « C'était en l'année 1745, dit notre historien :