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  tenant à vouloir l'entendre, après un début, dont l'effet vient autant
  peut-être d'une action oratoire si saisissante, que de la beauté même
  et de la nouveauté des aperçus.
     Dimanche, 9 février, à une heure de l'après-midi, le R. P. La-
  cordaire a ouvert sa station du carême dans l'église primatiale de
  Saint-Jean de Lyon, au milieu d'un immense auditoire. De bonne
 heure, la grande nef réservée aux hommes se trouvait en partie oc-
  cupée, les nefs latérales étaient réservées à la masse des fidèles, les
  tribunes mêmes avaient été envahies.
     A une heure précise, le clergé de la primatiale, Mgr de Bonald
  en tête, est venu prendre place dans le chœur, au son de l'orgue. I.e
  R. P. Lacordaire est ensuite monté en chaire, avec sa robe blanche
 de dominicain recouverte d'un camail noir. On sait que l'orateur,
 doué d'une physionomie douce et fine, appartient à la province qui
 a vu naître saint Bernard et Bossuet. C'est une sorte de figure à la
 façen de l'illustre abbé de Clairvaux, telle du moins que nous la dé-
 peint l'histoire. Sa voix n'est pas forte, mais elle est assez douce,
 principalement dans les cordes basses ; elle charme par une certaine
 accentuation et arrive suffisamment aux auditeurs, grâce au silence
 qui se fait sur tous les points.
     Dès son début, l'orateur s'est magnifiquement posé, c'est-à-dire
 qu'il a su se mettre parfaitement en rapport avec sou nouvel audi-
 toire. Car il y a cela de remarquable dans le P. Lacordaire, qu'il s'i-
dentifie vile et d'une manière électrique avec ceux qui l'écoulent, ne
songeant plus à lui-même, oubliant qu'il prêche, et ne voyant plus
que des hommes qu'il veut convaincre, persuader et amener à lui.
De là un naturel parfait, une simplicité sublime, et cet imprévu, ce
je ne sais quoi de captivant qu'il y a dans sa parole et dans son
geste.
   Ce premier discours a roulé sur la mission du Sauveur, sur la
divinité de Jésus-Christ et les caractères de son œuvre. Le P. La-
cordaire a montré que le Fils de Dieu, par là seul qu'il se disait
Dieu, avait foi en lui-même, et qu'il faut avoir foi en soi pour
opérer de grandes choses, pour fonder un empire, une dynastie,
une famille, une chose durable.
  Mais comment Jésus Christ a-t-il établi un règne qui date au-