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120        DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE

 et par ce seul mot magique vous vous trouvez réfuté sans sa-
voir comment.
    En vain aussi vous ferez remarquer que, contrairement à
ses propres principes, la philosophie hégélienne trahit à cha-
que pas la dépendance dans laquelle elle se trouve vis-à-vis
de l'expérience; en vain vous démontrerez que cette théorie
n'a pu évidemment parvenir à la conslruction de ses idées
aprioriques qu'en se servant sous main de l'observation, en
jetant des coups d'œil furlifs sur le monde des phénomènes;
en vain vous établirez avec la dernière évidence que toutes
ces notions qui croient ressortir Tune de l'autre avec une né-
cessité parfaite sont nées sur le domaine de l'empirie. Vous
avez beau en conclure avec raison que la philosophie hégé-
lienne n'est qu'une agglomération d'éléments contradictoires,
et qu'ainsi, abstraction faite de tout critérium extérieur, elle
se trouve être impossible en elle-même. La philosophie de
l'absolu s'élève bien au dessus de toutes ces objections qui lui
semblent puériles. Son élément véritable, n'est-ce pas d'ail-
leurs la contradiction même ? N'est-il pas de son essence de
réunir dans une synthèse universelle les jugements les plus
opposés, les propositions les plus inconciliables? Avec une
inflexibilité merveilleuse on reviendra donc toujours aux
mêmes principes : savoir que l'idée s'objective â elle-même
en devenant nature, qu'ensuite elle revient à elle-même pour
devenir esprit, et qu'ainsi la pure logique ne relevant en rien
de l'expérience, enseigne par son développement nécessaire
les principes fondamentaux de toutes les sciences divines et
humaines. Le hégélien a-t-il besoin de s'inquiéter de ce qui
est? Il démontre ce qui doit être.
    On sait que l'école hégélienne n'est pas d'accord avec elle-
même sur les détails de la véritable construction du système.
A Berlin, comme partoul, les disciples du même maître, una-
nimes à revendiquer chacun pour soi la gloire d'avoir compris