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EXPOSITION 1844-1845. 83
a un faux accent de vérité qui séduit, jusqu'au moment où
l'on vient à découvrir que l'adresse el l'esprit ont seuls con-
duit ce pinceau si agréablement menteur.
Les marines de M. Mozin ont de l'aspect, il entend l'effet;
ses eaux sont peut-être plus jolies que vraies, quoiqu'il cher-
che à imiter Isabey qui les fait plus vraies que jolies, mais
nous croyons que l'érudition nautique lui manque.
M. Barry aura pour lui tous les gens qui connaissent la
mer et ses effets. C'est un peintre sans manière, conscien-
cieux, qui démentira ceux qui ont dit en voyant les succès
qu'ont obtenusdanscegenre desgensfortestimables d'ailleurs,
que la France n'aurait jamais de peintres de marine. Ses
eaux, dorées par le soleil, sont peintes ardemment, de verve;
on ne perd aucun rayon de la lumière incandescente du ciel
splendide du Midi ; tous sont employés sans efforts, el sur-
tout sans mensonge ; il y a de l'enthousiasme dans la compo-
sition de ses tableaux. Si son Effet du Soir nous était venu
de Hollande, s'il avait un peu de crasse, et la date de 1670,
on le couvrirait d'or; il n'a, aux yeux des amateurs de vieux
tableaux, que le tort d'être moderne ; aux nôtres, il a ce
mérite de plus.
M. Courdouan, moins vrai peut-être que M. Barry, mais
aussi brillant, a exposé des pastels qui luttent, quant aux
effets et à la puissance du coloris, avec la peinture.
Nous ne dirons rien du tableau de M. Garneray, le Siège de
Mogador, il n'est guère au dessus du Moniteur pour le style el.
la poésie; c'est froid et ennuyeux comme tous les tableaux offi-
ciels en général, et comme la Bataille de Navarin en particulier.
Le public a vu avec grand plaisir revenir à lui un artiste de
mérite qui s'était retiré de nos expositions depuis plusieurs
années. M. Duclaux a fait brillamment sa rentrée. Les trois
tableaux qu'il a exposés nous rendent ses précieuses qualités.
On trouve même celle fois, dans sa page principal, une lutte