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494                 DU BIKN DANS L'ABSOLU

que ton cœur s'est enorgueilli , et que tu as dit je suis
Dieu, toi qui n'es qu'un homme ; parce que ton cœur s'est
considéré comme le cœur d'un Dieu, oui , pour cela, je
conduirai sur toi les plus féroces d'entre les nations étran-
gères, et elles mettront à nu sous leur glaive toute la beauté
de la sagesse, et elles souilleront ta splendeur, et elles t'as-
sassineront ; diras-tu encore, moi je suis Dieu, lorsque tu
appartiendras à les bourreaux ( 1 ) ! »
    Les Saintes Ecritures, qui renferment les traditions de
l'humanité, sont si profondément préoccupées de ce fait, qu'on
peut dire qu'elle n'ont traité qu'un seul sujet : l'orgueil.
Elles n'assignent à tous les maux, dans le ciel et sur la
terre, qu'une cause, mais une cause qui les renferme tous :
l'orgueil. Elles ne donnent de préceptes que pour fuir un
seul vice, mais un vice qui est la source de tous: l'orgueil.
    Aussi, nous comptons d'autant plus sur celte conception
explicative de la chute, à laquelle nous avons été conduit
par la seule considération des lois générales de l'être, et
des rapports nécessaires qu'elles établissent entre ce qui
 existe par soi-même, et ce qui n'existe que par création,
 que nous avons vu aussitôt notre conception confirmée par
 le sens étymologique des langues, et par le texte môme
 des livres sacrés que possède le genre humain.
     Ne constatons pour le moment que ce fait, à savoir : que
 l'être étant fait pour l'absolu, doit éprouver, même à l'état
 créé, un mouvement vers l'indépendance de la vie absolue ;
 qu'effectivement l'ame a cédé à ce mouvement sur celle
 parole qui a retenti jusqu'au fond de son être : vous serez
 comme des dieux; et qu'enfin cet acte d'indépendance dé-
  truisant les rapports sur lesquels repose son existence toute
 dépendante, l'ame s'est constituée en état de ruine.

   (i) EzicHiEi., ch. XXVIII, v. 5, 6, 7, 8, 9.