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iG2                 DU BIEN DANS L'ABSOLU

je reconnais maintenant un désordre profond et une détresse
inénarrable au sein des choses humaines.

    J'examinerai la faculté de laquelle tout le reste dépend. La
liberté n'est-elle pas le pouvoir d'accomplir de soi-même sa
 loi quand on aurait la possibilité de ne pas l'accomplir. Si
nous étions effectivement libres, comme le comporte notre
 nature, notre premier acte serait l'accomplissement de notre
loi, car un être et sa loi ne font qu'un. Alors nous nous por-
terions facilement vers ce qui est notre bien, comme tout être;
un effort de notre part pourrait seul nous conduire vers ce
qui est pour nous le mal.
    Mais cela n'est point : nous faisons précisément effort pour
éviter le mal et réaliser le bien. Comment se peut-il qu'un
être spirituel se porte par inclination vers sa destruction
plutôt que vers la loi qui le conserve. Ce n'est donc plus dans
l'homme, comme dans tous les êtres de la création, la lutte
du mal contre le bien, lequel premièrement existe; c'est donc
le bien qui se voit obligé de lutter contre le mal, lequel existe
premièrement ! Il semble que ce soit là le symptôme du néant
plutôt que l'annonce de l'existence.
    L'observation exacte de la nature humaine nous conduira
donc à définir la position du cœur de l'homme : la pente
au mal et le désir du bien. Comment expliquer une aussi ef-
frayante anomalie?
    Ce n'est pas tout; non seulement nous ignorons ce que
nous devons faire, non seulement quand nous le savons nous
ne le voulons pas, non seulement quand nous le voulons nous
ne le pouvons plus par nous-mêmes, mais nos actes alors, si
nous pouvons les exécuter, ne nous conduisent même pas au
but pour lequel nous les exécutons. Car nous ne cherchons
tous que le bonheur, et nous ne trouvons que la misère.