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56                 EXCURSION DANS I.E MIDI.
fertde la préfecture de Montbrison à Saint Etienne. La petite
ville champêtre de Montbrison, dont la population ne compte
pas moins de 5,652 habitants, trouve fort impertinentes les
prétentions de Saint-Etienne à devenir le centre de l'adminis-
tration préfectorale, attendu que la population de Saint-
Etienne n'est que de 70,000 habitants, et que celte ville est le
centre de la plus grande activité industrielle du déparlement
de la Loire. —Voilà pourquoi la petite ville de Montbrison se
fâche tout rouge :
                  Marion pleure, Marion crie,
                  Marion veut qu'on la marie.
Qu'on la marie pour l'éternité avec M. le préfet et les bureaux
de la préfecture. Marion Montbrison est dans une grande co-
lère, je crois même que de temps en temps elle montre le
poing à travers les colonnes de son petit journal contre tous
les honnêtes gens qui se permettent de n'être pas de son avis;
c'est là sa meilleure raison, à la bonne fille!
    Les Montbrisonnais ne veulent pas comprendre que si,
quelque temps après l'organisation départementale ils ont pu
déposséder Feurs du siège de l'administration centrale, à for-
tiori, l'on peut et l'on doit aujourd'hui transférer le chef-lieu
de la préfecture de Montbrison à St-Elienne. C'est ce qui a dé-
j à e u l i e u dans plusieurs départements, entr'autres dans celui
des Bouches-du-Rhône. Le chef-lieu de préfecture, d'abord
placé à Aix, ville topographiquement plus centrale, a été de
bonne heure transféré à Marseille.
   En réponse à ces arguments de faits, les Montbrisonnais
s'exclament avec candeur : « Nous sommes en possession de
« la préfecture depuis quarante ans. Il n'est pas permis d'y
« toucher; c'est un droit acquis!.. » Comme si le droit d'il y a
quarante ans devait être invariablement le droit d'aujourd'hui,
le droit de demain? — Ne voyons-nous pas dans nos sociétés
modernes le droit incessamment soumis à une mobilité qu'i-
guoraient les sociétés antiques. Toujours étudié, toujours con-
trôlé dans ses applications et ses effets, le droit a besoin de se