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EXCURSION DANS LE MIDI. 259 rantis dans leurs spéculations et leurs personnes contre les caprices et l'avidité de quelque despote barbare. Il est donc vrai de dire que Marseille a marqué dans le monde ancien et dans le nouveau comme un grand marché plutôt que comme une grande république ; elle a marqué par une grande existence commerciale plutôt que par sa prépondé- rance politique ; elle a préféré l'activité industrielle avec son produit net, au bruit des armes avec ses déficits finan- ciers. Celte gloire, pour n'être pas tout-à -fait aussi héroïque que le veulent certains historiens marseillais, est encore as- sez belle pour que Marseille en soit lîère. Il faut bien croire que les rois de France aussi en étaient fiers, puisque Hen- ri IV; qui estimait que Paris valait bien une messe, s'écria, en apprenant la soumission de Marseille qui avait pris parti dans la Ligue : « C'est à présent seulement que je suis roi de France ! » En ces derniers temps, poursuivit M. J. M., Marseille a salué de ses bouillantes passions provençales la République française, une et indivisible ; elle a célébré l'aube des jours sans-culotides par un hymne fameux qui a fait le tour du monde. Il est vrai que cette belliqueuse cantate n'est pas tout-à -fait aussi marseillaise que semblerait l'indiquer son nom et qu'on le croit généralement. J e sais, concernant son origine, une petite anecdote que je vous raconterai plus tard, ajouta-t-il. Quoiqu'il en soit, le mot de république devait r é - sonner mieux que celui de monarchie aux oreilles des Mar- seillais ; ce mot allait mieux à leurs anciens souvenirs. Il ca- ressait leurs goûts et leurs éternelles prétentions à l'indépen- dance (1). C'était l'effet d'un sentiment instinctif plutôt que (1) Pendant notre séjour à Marseille, et dans les rapports que nous avons eu avec quelques honorables habitants de cette ville, il nous a été facile de reconnaître ce lype particulier du caractère marseillais, ces aspirations candides à une individualité locale que n'ont pu éteindre encore toutes les déceptions des divers régimes municipaux, par où la bonne ville phocéenne