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A LYON. 441 égards de l'histoire, et il n'est pas coupable de leur avoir parfois tenu tête. A Anagni, lorsque Sciarra Colonna le frap- pait au visage avec son gantelet de fer, le vieux pontife se montra véritablement sublime dans cette fière et muette colère par laquelle il finissait de vivre. Dante, malgré son ressenti- ment de gibelin, ne trouvait dans cet acte de violence qu'un sujet de malédictions, et Boniface était toujours pour lui le Vicaire de Jésus-Christ : Veggio in Alagna entrai' lo fiordaliso, E nel Vicario suo Cristo esser catto ; Veggiolo un' altra volta esser deriso ; Veggio rinnovellar l'acelo e'1 fêle, E Ira vivi ladroni essere anciso ( i ) . Nogaret, l'agent de Philippe-le-Bel, ajoutait au soufflel du soldat l'insulte plus cuisante d'une protection dérisoire. 11 faut donc le reconnaître de bonne foi, si Boniface pré- tendit recommencer Grégoire VII, il se trompa; mais le roi qu'il avait en face de lui était guidé surtout par cette aveugle cupidité qui le porta à altérer la monnaie publique, à faire violence à ses sujets qui la refusaient et à en pendre quelques- unes. On sait de quelles tracasseries il accabla les Juifs, et quels mystères pèsent encore sur les véritables causes du procès des Templiers. Je crois donc qu'il faut prononcer avec réserve ces mots sonores de prétentions ultramonlaines , el qu'il importe de présenter des faits à l'appui. Bien souvent il se rencontre dans les livres des déclamations sur les papes qui aspirèrent à déposer les rois, mais je ne vois pas qu'on dise rien des rois qui, à leur tour, déposèrent des papes, souverains comme eux, cependant, et souverains temporels. Du reste, depuis nos deux révolutions qui ont si ônergiquement protesté contre (t) Purgat., XX, 86.