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446 DE QUELQUES TRAVAUX LITTÉRAIRES voir laissé aller sa plume ; il parle de l'Italie avec tant d'art et de goût, avec un esprit de si bon aloi et un sentiment si honnête! Nous ne voulons pas nous borner à louer, nous ci- terons , et l'on jugera. Certes, il existe beaucoup de pages sur le Colisée, depuis celles de M. de Chateaubriand; nous n'en connaissons pas qui vaillent, pour le sentiment et la vérité, celles de l'auteur de ces Etudes : « T e Colisée n'est pas, pour les étrangers seulement, un sujet d'admiration. Les habitants de Rome l'entourent d'un culte populaire ; la beauté de ses ruines sous les clartés bleuâtres de la nuit est célèbre et attire de nombreux con- templateurs. « Nous nous y rendîmes par une belle soirée d'été; déjà plusieurs groupes de personnes étaient répandus dans le vaste édifice : nous nous éloignâmes, voulant jouir pendant quel- ques instants, seuls et dans le recueillement, du grand spec- tacle offert à nos yeux, et, rentrant dans les galeries assom- bries, nous nous dirigeâmes vers la partie la plus reculée de l'enceinte, i\ travers les voûtes effondrées et les pierres crou- lantes. « La nuit était calme et sereine ; il travers les arceaux res- tés suspendus en l'air, et les festons de lierre qui tombent de leur cintre, nous apercevions les pentes du mont Cœlius baignées d'une lueur vaporeuse et tremblante : le grillon chantait sous l'herbe, les feuilles s'agitaient sur les arbres au souffle de la brise du soir. « La lune éclairait paisiblement ces ruines, de sa lumière que les siècles n'ont point obscurcie; ses pâles rayons glis- saient en silence le long des murs, et, pénétrant par les crevasses des voûtes dans les galeries et jusque dans les loges souterraines des gladiateurs et des bêles féroces, semblaient reprendre possession de l'espace que l'homme à grand'peine s'était approprié.