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270 NOTICE
aux pères de famille sur l'importance du choix de l'établisse-
ment où leurs enfants doivent être élevés.
Grâce à cet acte d'opposition, l'abbé Lacordaire fil de grands
progrès dans la bienveillance de M. de La Mennais, qui lui fit
de nouvelles et de pressantes avances. Tout en faisant ses ré-
serves au sujet de la prétendue philosophie du sens commun,
qui aurait réduit tous les moyens de certitude à un seul, le
consentement du genre humain, Henri Lacordaire, Ã dater
de cette époque, parut s'attacher d'une manière particulière
à l'auteur de l'Essai sur l'indifférence.
La révolution de juillet éclata. Au premier abord, un grand
nombre de catholiques furent saisis d'effroi, car la réaction
politique semblait être en même temps une réaction religieuse.
Cependant, quelques écrivains avaient songé, dès le lendemain
de cette révolution, à tirer parti du nouvel ordre de choses
pour demander plus de liberté pour la religion en échange
de la protection que la Restauration lui avait accordée, Sui-
vant eux, les idées religieuses, du m o m e n t que le pouvoir
se séparait d'elles, devaient reconquérir bientôt leur popu-
larité.
A la tête de cette école se trouvait M. de La Mennais.
Comme beaucoup d'hommes appartenant à des idées de p r o -
grès, il crut à la possibilité d'une régénération catholique et
sociale. Afin de l'opérer, il eut l'idée de se saisir de l'arme la
plus puissante de son temps, la presse quotidienne. Pour lui
une gazette devait être à la fois une chaire et une tribune.
M. de La Mennais s'associa d'autres écrivains, en tête desquels
on remarqua le jeune abbé Lacordaire; et, de concert avec
eux, il fonda le journal intitulé l'Avenir. Le premier numéro
de ce journal parut le 15 octobre 1830.
C'était à celle époque une chose toute nouvelle qu'une ga-
zette quotidienne principalement rédigée par des prêtres.
Quelques hommes s'étonnèrent de ce que des ministres de
paix descendaient dans celte arène brûlante où fermentent
tant de passions et lanl de haines. Le parti vaincu en juillet
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