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EXCURSION DANS LE MIDI. 387 tive, pour peu que nos gouvernants consentent à l'aider dans l'accomplissement de ses puissantes destinées com- merciales. Il faut aussi convenir d'une chose : c'est que dans les collèges où nous avons passé, de compte fait, douze années de notre jeunesse,— les plus belles années de la v i e ! — à retenir les faits et gestes des Grecs et des Romains, des Perses, des Mèdes et des Assyriens, il ne nous était pas plus parlé de l'histoire commerciale, politique et munici- pale des anciennes grandes villes du royaume de France, que si ce royaume et ces villes n'eussent point existé. Au collège, on fait faire encore toutes sortes d'études, hormis celles de la diplomatique et de la paléographie, qui sont la clé et le flambeau de noire histoire nationale. Il n'est pas un rhéloricien qui ne sache parfaitement que Cécrops est le fondateur d'Athènes, et que la première reine de Carlhage est Didon, princesse de Tyr, fille de Bélus, sœur de Pygmalion et épouse de Sichée; mais demandez-lui quel est le nom de ce jeune fugitif de Phocée qui, après avoir emporté dans les plis de son manteau la statue de la chaste Diane, est venu attacher le cable de sa galère au rocher de Stasis (1) et fonder non loin_ de là Marseille, la plus an cienne ville de l'Europe, ce sera merveille, s'il vous n o m - me Protis. Il saura par cœur les noms des cinquante- deux argonautes qui s'embarquèrent sur le navire VArgo, pour aller à la conquête de la Toison d'Or, mais question- nez-le , demandez-lui comment se nomment les doux hardis navigateurs qui, partis de Marseille, 400 ans avant l'ère chrétienne, côtoyèrent pour la première fois l'Afrique, jusqu'au cap de Bonne Espérance, et reconnurent les pre- miers la mer Baltique et les côtes de l'Islande, à coup sûr, ils ne vous nommeront point ces deux grands hommes Euthy- (1) Aujourd'hui, c'est le rocher de l'Estéûu, situa à quelque distance de Marseille.