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478                 BU BIEN DANS L'ABSOLU

donc il a été puni! S'il a été puni, donc il a été coupable!
S'il a été coupable, donc il a fait un mauvais usage de sa li-
berté !
    Les anciens qui, à défaut d'un développement intellectuel
comparable au nôtre, possédaient un extrême bon sens,
avaient été pareillement frappés de l'étrange situation de
l'homme sur la terre. Ne pouvant s'en prendre à la justice
divine, ils pensèrent les premiers que l'homme ne pouvait
être malheureux que parce qu'il était puni. Pour s'ex-
pliquer comment l'homme avait pu se rendre coupable, ils
supposèrent une vie antérieure où nos âmes avaient commis
des crimes pour lesquels elles étaient condamnées, en celle
vie, à être enfermées dans des corps misérables et à y mener
une vie pleine de douleur et d'humiliation. Observez combien
les anciens, dans leurs théories, prenaient soin de laisser in-
tacte la notion ontologique de la justice absolue !
    Ils ne s'en tenaient pas là dans celte idée d'une expiation
 rendue nécessaire, et par suite de cette haute raison qui pou-
 vait faillir quelquefois aux faits du temps, mais jamais aux faits
 de l'ordre absolu, ils ajoutaient que les âmes qui se seraient
mal conduites dans la vie actuelle, assisteraient un jour à une
 vie postérieure, dans laquelle elle subiraient la peine de leur
 nouveaux crimes. De là la doctrine de la mélempsychose, ré-
 pandue chez les peuples anciens.
     L'antiquité s'expliquait donc par l'idée d'une vie antérieure,
  comment l'homme avait pu se rendre coupable de manière à
  être puni et malheureux dans celle-ci ; et par l'idée d'une
 vie postérieure, comment les crimes dont l'homme se sera
  rendu coupable dans celle-ci, pourront être expié: tant elle
  était convaincue que la situation de l'homme en ce monde
  n'était pas naturelle, et qu'elle ne s'accordait ni avec l'ordre
  général de la création, ni avec la justice éternelle de Dieu.