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4*2          DE QUELQUES TRAVAUX LITTÉRAIRES

s'est peu inquiété des humbles poèmes ou des légendes qui
pourraient exister de par le monde. Il avait dans Virgile une
descente aux enfers, en fallait-il davantage? l'idée était-elle
donc si difficile à trouver? elle existait partout, dans l'Ecri-
ture-Sainte elle-même, la seule source que M. Ozanam ait
oubliée , ou plutôt négligée à dessein. Dante s'empara d'une
donnée vulgaire et l'éleva aux proportions d'une œuvre de
génie. Il était à son aise dans son triple royaume; aussi a-t-
il remué immensément de faits, d'idées et de passions.
   Quelque parti, du reste, que l'on prenne dans celle affaire
des origines de la divine Comédie, le livre de M. Ozanam
reste ce qu'il est, une Elude pleine de bonne science litté-
raire. Je remarque, dans l'analyse de la légende de saint
Brendaines, une chose bien touchante, le repos hebdomadaire
accordé à Judas par Jésus-Christ, et le relâche de la peine
prolongé d'un jour par le passage du Saint aux enfers. M.
 Ozanam aurait pu rapprocher de cette tendre pensée des
 vers analogues de Prudence , remarquable poète du IV e siècle.
L'espagnol Prudence nous dit que, tous les ans, la nuit en
laquelle Jésus-Christ ressuscita, les damnés ne ressentent
 point de peines :
             Sunt et Spiritibus sœpe nocentibus
             Pœnarum célèbres sub Styge feriae,
             Illa nocte sacer qua rediit Deus
             Stagnis ad superos ex acheronticis.

   Combien il y a de belles et suaves inspirations dans celle
poésie chrétienne que M. Ozanam va cherchant à travers tout
le moyen-âge, et même aux premiers siècles de l'Eglise;
Peu de personnes connaissent le Livre du Pasteur conservé
sous le nom d'Hermas, et rempli de charmantes allégories.
M. Ozanam en a détaché une scène dans laquelle respire une
grâce particulièrement douce et mélancolique : c'est le sou-
venir d'une jeune fille qu'Hermas avait aimée ; elle était sainte