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420                  EXCURSION DANS LE MIDI.
un frère débile, mais dévoué. Je ne sais rien, je ne puis rien enseigner.
Je n'ai pas de force, je ne puis rien accomplir. Je puis chanter la guerre
sainte et la sainte paix, car je crois à la nécessité de l'une et de l'autre.
Je rêve dans ma télé de poêle des combats homériques que je contemple,
le cœur palpitant, du haut d'une montagne, ou bien au milieu desquels
je me précipite sous les pieds des chevaux, ivre d'enthousiasme et de sainles
vengeances. Je rêve aussi après la tempête un jour nouveau, un lever du
soleil magnifique, des autels parés de fleurs, des législateurs couronnés
d'olivier, la dignité de l'homme réhabilité, l'homme affranchi de la tyrannie
de l'homme, la femme de celle de la femme, un gouvernement qui s'ap-
pellerait conseil, et non pas domination , persuasion, et non pas puissance.
    En attendant, je chanterai au diapason de ma voix, et mes enseigne-
ments seront humbles , car je suis l'enfant de mon siècle, j'ai subi ses
maux, j'ai partagé ses erreurs, j'ai bu à toutes les coupes de vie et de
mort, et si je suis plus fervent que la masse, pour désirer son salut, je ne
suis pas plus savant qu'elle pour lui enseigner le chemin. Laissez-moi gé-
mir et prier sur cette Jérusalem qui a perdu ses dieux, et qui n'a pas en-
 core salué son Messie.
    Ma vocation est de haïr le mal, d'aimer le bien, de m'agenouiller de-
vant le beau. Traitez-moi donc comme un ami véritable, ouvrez-moi vos
 cœurs et ne faites point d'appel à mon cerveau, Minerve n'y est point e t
 n'en saurait sortir. Mon ame est pleine de contemplation et de vœux.
 Que le monde raille les croyances irréalisables et funestes ! Si je suis
porté vers vous d'affection et de confiance, c'est que vous avez en vous
 les trésors de l'espérance, et que vous m'en communiquez les feux, au lieu
 d'éteindre l'étincelle tremblante au fond de mon cœur.
    Adieu, je conserverai VOD dons comme des reliques, je parerai la table
 où j'écris des fleurs que les mains induslrieuses de vos sœurs ont tissées
 pour moi. Je relirai souvent le beau cantique que Vinçard m'a adressé.
  Et les douces prières de vos poètes se mêleront à celles que j'adresserai à
  Dieu chaque nuit. Mes enfants seront parés de vos ouvrages charmants, et
 les bijoux que vous avez destinés à mon usage leur passeront comme un
 héritage honorable et cher. Tout mon désir est de vous voir bientôt et de
 vous remercier par l'affectueuse étreinte des mains.

                                              Tout à vous de cœur !
                                                         GEORGE.