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ET DANS LE TEMPS. 487 Quelle est donc la plus grande faute que puisse commettre une créature dont l'existence, par suite de sa liberté, re- pose sur une coopération de sa part, sinon de refuser cette coopération. La conservation et le développement d'une créa- ture libre et spirituelle ne pouvant s'opérer que par un incessant acquiescement de la liberté, il est évident que le plus grand mal qu'elle puisse commellre vis-à -vis d'elle, et, par conséquent, le plus grand crime vis-à -vis de Dieu, c'est de repousser par le mouvement de l'orgueil, ou de la suffisance, le torrent de la conservation. Car celle créature ferme pour elle la source du bien, et pour Dieu le canal de l'amour. De là , pour l'être créé, le mouvement de l'orgueil peut devenir mortel. En effet, nous savons que l'homme est libre, que par con- séquent Dieu ne peut violer celle sublime nature, en intro- duisant la force et la vie au dedans d'elle sans son acquies- cement. Or l'orgueil, dans l'être créé, consisie précisément à prétendre qu'il ne dépend plus que de lui-même, qu'en lui se trouvent, par le fait de la création, toutes les condi- tions de sa conservation et de son développement spirituels, qu'il n'a aucunement besoin de les demander et de les re- cevoir. Ce sentiment d'indépendance étant dans l'être spi- rituel un mouvement de répulsion pour toute communication supérieure, Dieu ne peut désormais faire pénétrer la vie spirituelle dans le sein du cœur orgueilleux, sans aller contre son consentement et violer inutilement sa nalure. Dieu néanmoins chercherait à pénétrer celte nature, que cela n'avancerait en rien l'être spirituel, car: 1° ayant été fait libre, parce qu'il n'y a que les actes qui viennent d'une cause qui puissent être imputés à cette cause et lui donner dès mérites, tout le bien que l'homme pourrait opérer par suite du redoublement de vie spirituelle que Dieu lui en-