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488 DU BIEN DANS L ABSOLU \ errait sans coopération , ne pourrait lui être imputé ; 2° parce que ce redoublement de force spirituelle ne serait pas seulement inutile à l'être créé, mais lui deviendrait di- rectement et positivement nuisible, en ce que dans son or- gueil ce dernier serait plus convaincu que jamais, que ce développement de son âme s'est fait en lui par sa propre verlu. En sorte que, ontologiquement, dans l'intérêt strict de '.'être créé, Dieu est obligé de suspendre la descente de la vie qu'il adressait à la liberté qui le repousse ; car étant soili de son étal normal, plus cet être recevrait de force, plus l'énergie du mal s'augmenterait en lui. C'est ainsi que, même pour les fièvres du corps, le premier soin de la mé- decine est d'interdire toute alimentation. La conservation et le développement de l'être créé ne pouvant s'opérer que par sa coopération avec l'être incréé, cl cette coopération étant une aspiration de l'être qui a be- soin vers l'être qui a, par l'amour, une inclination naturelle à se répandre, le sentiment de celte dépendance est donc pour l'être créé l'instinct même de sa conservation. S'il vient à le perdre, il rompt le lien de la création, et se constitue en étal de ruine. Car, enfin, l'ame ne se soutient pas d'elle-même; l'être créé ne repose que sur l'être incréé. Si on lui ôle ce sup- nort qu'arrive-l-il? L'académie détinil la chute d'un corps, !e mouvement par lequel ce corps est entraîné vers la terre quand il manque d'appui ; cette définition s'applique parfaitement à l'ame. L'être créé qui se détache ainsi de ''Être incréô fait donc une chute. Où lombe-t-il? D'un de- gré supérieur à un degré inférieur dans l'échelle de Têlre. L'ame ayant perdu l'attraction divine, est aussitôt attirée par l'allraction de la 'erre, et s'y précipite. Car, quant au corps, conservant ses rapports avec la matière, il continue de se I